Marie-Féroce 4 : quand tes vacances veulent ta peau

KC_Green
Résumé des épisodes précédents (ça devient une vraie série : je devrais faire un générique) :
On est à Biarritz depuis 3 jours (2,5 pour être exacte)
Marie-Féroce a agressé Jean-Véto et ruiné l’appart
Franchement, ça pourrait être pire (je ne vois pas encore comment, mais je suis certaine que ça pourrait)

Ce n’est plus un contre-la-montre, c’est le triathlon de l’angoisse par équipe.
Pendant que M. court acheter du Febreze et du Sanytol au Franprix du coin, je nage dans la pisse de chat. Globalement, on pédale dans la semoule (cette blague a nécessité la réhabilitation de cette expression tombée dans l’oubli depuis 1997).
J’essaie de limiter la casse comme je peux. Urgence n°1 : le matelas du canapé. Je me jette dessus et j’y verse un demi litre d’eau pour tenter de noyer la mini tache de pisse qui a réussi à traverser la housse. Et je pense vraiment que ça va marcher : c’est mignon.

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Moi sautant sur le canapé – Reconstitution

Je passe ensuite à la housse. C’est un carnage. Heureusement, il y a une machine à laver dans l’appart et la propriétaire nous a laissé un bidon de lessive : j’en verse un peu sur le tissu (un demi bidon), je noie le tout, à même le sol (idée de merde) et je frotte. Encore. Et encore. Et encore. Je remets de l’eau, de la lessive et je frotte. Eau. Lessive. Frotte. Eau. Lessive. Frotte.

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Moi tentant de sauver la housse – Reconstitution

Et puis bon, au bout de cinq bonnes minutes, je finis quand même par me rendre compte que j’inonde le parquet du salon. Call me Marie-Gourdasse. Je cours chercher une bassine. J’essaie de positionner la zone sinistrée de la housse au-dessus (une zone large comme un canapé. Dans une bassine. LOL DE PLATINE) et c’est reparti pour les grandes eaux et la lessive. Non-stop pendant une demi-heure.

M revient. On est face à la housse. Mi sèche, mi trempée. Mi marron, mi blanche de lessive. Mi sauvée, mi foutue, quoi. On doit prendre une décision : l’étiquette dit qu’elle ne passe pas à la machine. Ok, mais quand même il faudrait. Ok, mais elle ne passe pas à la machine. Ok, mais on ne sait pas comment faire autrement. Ok, mais elle ne passe pas à la machine. Ok, mais… OH ET MERDE. Au point où on en est : on balance tout ça dans le tambour avec les trois quarts du bidon de Sanytol en croisant les doigts pour qu’on puisse bien ré housser à la sortie.

— Et le matelas, il a beaucoup pris ?
— Oui mais j’ai bien nettoyé, j’ai frotté avec plein d’eau, je pense que ça va. Je vais vérifier mais ooOOOHHH MON DIEU CA PUE C’EST DEGUEULASSE !

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Moi sentant le canapé – Reconstitution

Je remets de l’eau. Je re frotte. Je revérifie : le matelas pue toujours. Et maintenant, mes mains aussi. C’est absolument merveilleux. Bon, on tentera de mettre du Febreze quand ce sera sec. En attendant, on a du pain sur la planche. Enfin… ON A DU SANG SUR LES MURS. Et par terre. Et sur les balais. Et partout, en fait. Finalement, on a de la chance : toutes les taches partent super bien. Je ne dis pas que, si Grissom se pointe avec son luminol, l’appart ne va pas clignoter comme un sapin de Noël mais, a priori, c’est pas prévu dans le cadre d’un état des lieux Airbnb donc ça devrait passer. Dernière étape : laver par terre. Bien BIEN laver par terre. Pourquoi ? Déjà parce que Marie-Féroce a quand même lâché quelques gouttes à droite à gauche pendant la bataille. Et puis aussi parce que…
Flashback :
« j’en verse un peu sur le tissu (un demi bidon), je noie le tout, à même le sol (idée de merde) »
Et c’est ainsi que notre héroïne imbiba le parquet de pisse de chat ! (Marie-Gourdasse, je vous dis) !

Une serpillière, un balai-brosse et un cycle essorage plus tard : l’appart est propre (encore plus qu’à notre arrivée), la housse sèche tranquillement (et ne semble ni puer, ni être ruinée par le passage en machine) et le matelas a reçu une bonne quinzaine de vaporisations de Febreze. On peut ENFIN sortir (non sans avoir auparavant passé la serpillière et la bassine au Sanytol vu qu’elles-mêmes avaient pris l’odeur de pisse de chat, bien entendu)

Sur le chemin, on passe tout de même voir si Jean-Veto a pu éviter l’amputation : apparemment c’est bon, ce sont juste des griffures, la pommade antibiotique a suffi. Il en profite pour nous montrer des cicatrices qui font toute la longueur de ses avant-bras en nous expliquant qu’il en a vu d’autres, « les oiseaux marins font bien plus de mal ». En fait, le mec c’est Rambo ! Il ne nous demande rien mais on tient à lui régler son déplacement pour la capture (foirée) et le temps passé à tenter de trouver des solutions (même si, pour le chaton, c’est non !). Il estime le tout à 10 €. Jean-Véto ne fera jamais fortune (mais si vous cherchez un Jean-Véto, on vous le recommande chaleureusement).

Maintenant que la pression retombe un peu, il est temps de parler sérieusement. Dimanche, on change d’appartement et on n’a absolument aucune idée de la configuration des lieux. On va devoir changer une nouvelle fois Marie-Féroce d’environnement et cette fois, on n’aura peut-être même pas de zone de repli. Ni pour elle, ni pour nous.
On n’a plus le choix : ON.ANNULE.LA.DEUXIÈME.SEMAINE.DE.VACANCES.

On prend le temps d’appeler la comportementaliste pour lui raconter les derniers rebondissements et glaner quelques conseils pour le jour où on va devoir attraper la bête :

— Bon. Au moins vous savez que pour elle, le territoire, c’est le plus important. La prochaine fois, tant pis pour les médicaments : elle reste à la maison et vous trouverez quelqu’un qui passera la nourrir.
— Mais… on peut arrêter le traitement comme ça ?
— Oui oui. Visiblement ce sera moins dur pour elle que de changer de territoire.
— … (Tout ça pour ça…)
— Et pour l’attraper, vous avez plusieurs options. Vous pouvez la mettre dans un carton.
— Un carton ?
— Oui, comme ça s’ouvre par le dessus, c’est plus facile : vous l’attrapez et vous la lâchez dedans.
— … mmmh on va y penser mais j’ai un petit doute (Comprendre : Meuf, on te rappelle ce qu’il s’est passé dans « Marie-Féroce – épisode 1 » ? Il lui a fallu 1 minute 30 pour commencer à entamer le grillage de son sac. Tu crois vraiment qu’un carton va tenir pendant les 9 heures de route ? Tu fais comme tu veux mais moi, j’ai moyen envie de faire le test !)
— Il y a aussi l’option du caddie de courses.
— Le caddie ? À roulettes ? Comme les mamies ?
— Oui ! Ça aussi ça s’ouvre par le dessus, c’est pratique.
— …. (Comprendre : ça prend la moitié du coffre ET ça ne ferme pas vraiment. Donc bon, bof…)
— Ou sinon, l’idéal c’est la malle en osier. Ça c’est parfait. Vous pouvez en trouver si vous faites un peu les vide-greniers.
— Ah oui. Ok. D’accord… On va voir si on en trouve… (Comprendre : on part dans quatre jours et Biarritz ne croule pas exactement sous les vide-greniers, voyez-vous…)
— Bon et si vraiment vous ne vous en sortez pas, vous appelez le vétérinaire d’urgence : eux viennent et vous l’attrape mais ce serait surement payant.
— D’accord, merci beaucoup ! (Comprendre : Voilà ! Ça c’est une solution ! C’est exactement ce qu’on va faire !)

Mais pour le moment, on n’en est pas encore là. Pas question de repartir d’ici sans en avoir profité un minimum. Alors on donne tout et on multiplie les activités qui nous font plaisir histoire d’engranger quelques bons souvenirs !

Cours de surf
On attend ça avec autant d’impatience que Noël ! Comme ça fait des jours qu’on ne mange rien, on est affûté comme jamais dans nos combis en lycra. Bon, par contre, qui dit « pas trop de bouffe » dit  « pas trop de force » non plus : dès l’échauffement sur la plage, je suis au bout du bout du rouleau de ma vie ! A la fin du cours, je ne fais même plus semblant de tenter de me lever sur ma planche et je laisse les vagues me pousser jusqu’à la plage pendant que je tente des micro-siestes discrètes.

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Moi me hissant sur la plache – Reconstitution

Fêtes de Bayonne
On commence par un détour à Carrefour pour s’acheter une tenue : quitte à faire les fêtes, autant être aux couleurs locales ! Sur place, on croise trois mecs qui font exactement la même chose que nous et qui essaient de se mettre d’accord sur ce dont ils ont besoin ou non :

— Tu prends aussi les espadrilles ?
— Carrément ! Pas toi ?
— Pas besoin, j’ai mes pompes.
— Ah parce que tu comptes patauger dans le vomi avec tes Nike ?
— … Ok, je prends les espadrilles.

Ça a l’air vraiment chouette, ces fêtes… Mais aller, on ne va pas se laisser démoraliser par une conversation de mecs qui vont probablement là-bas à partir de 2 heures du matin !
Sur place, la première impression est géniale : tous ces gens en rouge et blanc dans un centre-ville fermé aux voitures, c’est assez fascinant. On commence à se balader… et à prendre un peu peur à force de ne croiser que des bars, des gens bourrés au dernier degré (à 15 heures) et d’autres qui boivent ou qui se promènent avec des bouteilles d’alcool en bandoulière (voire même, des gens au bar, bourrés, en train de boire, avec des bouteilles d’alcool en bandoulière…). Du coup, si on ne veut pas boire, on fait quoi…? Mais rapidement, on se prend au jeu et on découvre des animations : les mecs font carrément un concours de ventriglisse devant l’Hôtel de ville. DU VEN-TRI-GLISSE ! Finalement, les fêtes de Bayonne, c’est très chouette.

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Des gens qui font du ventriglisse

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Des gens qui ne font pas du ventriglisse

Balade au marché
On voit les grands classiques : bijoux, souvenirs, serviettes de plages, tissus basques, etc. Un des stands est vaguement ésotérique. La dame vend des cartes postales avec des citations plus ou moins « inspirantes » :  » Y a-t-il une destinée ? », « Le vendredi, c’est morue. » (la 2ème, j’ai pas compris…). Un peu plus loin, une ado s’extasie devant un stand et interpelle sa pote :

— Regarde ! Ici aussi ils ont plein de casquettes « ni » ! »

N’ayant aucune idée de ce que ça peut bien être, je me retourne :

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Des casquettes « ni », donc

La plage
On y va au maximum. On ne se baigne pas autant qu’on le voudrait (rapport aux vagues : trois ans plus tard, je n’ai toujours pas digéré l’épisode « à poil dans les rouleaux en mangeant deux kilos de sable ») mais on en profite un peu quand même. Et puis on croise des gens. Toutes sortes de gens. Par exemple, cette jeune fille derrière nous qui pousse des soupirs exaspérés puis finit par hurler : « Y’a du sable partout, ça me gave ! ». (C’est-à-dire que c’est une plage, mademoiselle… A moins d’aller étendre ta serviette sur le parking, oui, il va y avoir du sable.) Ou encore cette dame et son joli chemisier à imprimé « kamasutra », quelque part entre bon goût et élégance…

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Marie Bon-Goût

Les journées sont parfaites. Ce sont les retours à l’appart qui sont plus délicats… A chaque fois qu’on entre, l’odeur de pisse de chat nous prend à la gorge. Pourtant, la housse de couette, que n’importe quel légiste aurait déclaré morte par noyade, ne sent absolument plus rien. Ça tient du miracle ! Mais on dirait que tout le reste de l’appart a absorbé l’odeur. Sur les conseils de la sœur de M, on attaque le parquet au Sanytol. Mais ça ne suffit pas tout à fait. Tels deux chiens de chasse, on renifle les zones critiques et on frotte ENTRE les lattes avec des cotons tiges. Tous.les.putain.de.jours. Et vu que tous les murs sont recouvert d’une sorte de papier peint tissé, j’en viens à les vaporiser de Febreze. Matin et soir. En quatre jours, on descend plus de produits d’entretien que de sangria. Moche.
Et bien entendu, chaque jour, on passe un demi-bras dans l’entrée pour donner à manger et à boire à Marie-Féroce… qui ne se calme pas une seule seconde ! Mais au moins, elle a l’air d’aller bien (si on met de côté le fait qu’elle se met à hurler dès qu’elle nous voit)… Ca promet !

Ca y est, on est samedi (c’est fou comme le temps passe vite quand on s’amuse).
Pour notre dernier jour de plage, je passe dans une boutique m’acheter une sorte d’appui-tête histoire de pouvoir enfin lire confortablement (en vrai, je vais surtout pouvoir encore plus regarder les gens dans les vagues : ma nouvelle activité préférée). Pendant que je paie, un flic déboule et interpelle le vendeur :

Le flic : Faites attention, on a repéré une bande d’une dizaine de jeunes qu’on connait bien. Ils volent en bande. Ils attaquent à dix, d’un coup. Vous les remarquerez facilement, ils sont sourds-muets et portent des maillots de PSG.
Le vendeur (au flic) : Ok, merci.
Le vendeur (à moi) : Du coup je fais quoi s’ils viennent ? Parce qu’à dix, je leur dirai de sortir mais ils seront trop nombreux, ils ne m’écouteront pas.
Moi : … c’est surtout que vous pourrez bien leur dire tout ce que vous voulez, ils ne vous entendront pas.
Le vendeur : …

On se cherche une place sur la plage mais la marée est encore haute donc on n’a pas exactement l’embarras du choix. On finit par s’installer. Comme tous les jours, on s’amuse en spéculant sur les gens un peu trop confiants qui se sont mis près de l’eau et dont les fringues vont se faire recouvrir de flotte à la première grosse vague. Qui de Jean-Merguez, Marie-Chelou (le plus drôle, ce n’est pas de regarder les gens, c’est de leur trouver le bon nom) ou des amoureux va prendre l’eau en premier ?!
Jusqu’au moment où « les gens », c’est nous ! Une vague bien plus grosse que les autres s’abat et submerge la première rangée de serviettes (on dirait un banc de tapis volants, c’est presque joli). L’eau arrive vite ! Elle est à 2 mètres. On se lève instantanément. 1,5 mètres. J’attrape un sac, une serviette. Dans mon dos, je sens que M. ramasse aussi tout ce qu’elle peut. 1 mètre. Mes chaussures, l’appui-tête. Dernier coup d’œil. Je ne vois plus rien, que mes pieds qui sont maintenant sous l’eau. Je suis certaine qu’on a tout sauvé… jusqu’à ce que je vois les chaussures de M. passer devant moi en flottant tranquillement. On n’a pas tout sauvé… Cette dernière journée commence vraiment bien, c’est cool.

Vu qu’on n’est plus vraiment au sec, on change de place en se frayant un chemin au milieu des groupes de jeunes qui dorment encore sur la plage après avoir passé la nuit aux fêtes de Bayonne. Au bout d’une heure, alors qu’on est bien installé, on porte un peu plus attention au groupe le plus proche de nous qui commence à se réveiller. Un groupe d’une dizaine de gamins. Sourds et muet. En maillots du PSG… GÉ-NIAL ! Au final, ils font leur vie (organisée autour de la descente de bières chaudes), nous la nôtre et tout se passe bien.

C’est enfin le Jour J.
Non pas qu’on ait hâte mais ça fait quatre jours qu’on angoisse en pensant au moment où il va falloir faire entrer Marie-Féroce dans sa boîte. Et depuis la veille, on sait aussi que les urgences vétérinaires ne nous aideront pas :

— Ma vétérinaire m’a conseillé de vous appeler car on ne peut pas attraper le chat seule, elle a dit que c’était très dangereux et qu’il faut qu’on appelle de l’aide (mytho de feu associé aux sanglots dans la voix : ils ne peuvent pas refuser).
— On est vraiment désolé mais on ne se déplace pas à domicile (ah si, ils peuvent). Mais vous pouvez essayer d’appeler un vétérinaire à Biarritz, c’est le seul qui se déplace, il sera peut-être d’accord pour vous aider. Il s’appelle Jean-Véto. (On a déjà grillé la cartouche « Jean-Véto » et de toutes façons, il est fermé le dimanche)

La propriétaire arrive dans deux heures.
On n’a plus le choix, on doit s’en sortir seules.
Et j’ai un plan (enfin, un plan…).

Nos héroïnes vont-elles parvenir à attraper Marie-Féroce ?
Auront-elle le temps de re re re re nettoyer l’appartement avant l’arrivée de la propriétaire ?
Récupéreront-elles les 400 balles de caution ?
La suite dans le prochain épisode de « Marie-Féroce ».

Crédit illustration : KC Green

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