J’attends sagement mes copines sur le trottoir devant le bar à vin où nous avons rendez-vous.
Histoire de me donner une contenance et de ne pas totalement encombrer le petit trottoir, je m’appuie sur une bite (si vous saviez le temps que j’ai passé à chercher un autre mot que celui-ci… mais aucun n’est aussi « clair »…) et je sors mon téléphone. À côté de moi, arrêté dans la rue, un chauffeur attend son client au volant d’une grosse berline noire. Sauf qu’il n’y a pas que le trottoir qui est petit dans le coin. Et forcément, quand le bus arrive, ça ne passe pas.
Le chauffeur manœuvre rapidement pour monter sur le trottoir un peu devant moi puis recule pour se mettre bien droit.
Il recule. Recule. Recule encore.
Les yeux toujours rivés sur mon téléphone (oui oui, je suis toujours confortablement installée sur la même.. Enfin, je n’ai pas bougé, quoi), je vois le coffre de la voiture entrer dans mon champ de vision. Le mec est complètement en train de me reculer dessus. Très TRÈS lentement, mais très TRÈS sûrement aussi.
– Ne sois pas totalement débile et décale-toi, me dis-je.
Note pour plus tard : ne rien me dire du tout et me bouger le c** un peu plus vite que ça !
IMPOSSIBLE de dégager mon pied droit.
Je baisse les yeux : la roue arrière mord à peine l’avant de ma Converse. Juste assez pour que je ne puisse pas me libérer, même en tirant de toutes mes forces. Et voiture recule. Recule. Recule encore. Leeeeentement. Pour que j’ai bieeeeeen le temps de prendre conscience de ce qui est en train de se passer.
Je frappe à la fenêtre arrière pour que le mec s’arrête… mais il continue.
À cet instant, je regrette :
- de chausser du 43 (à 5mm près, je m’en sortais dignement…)
- les baskets à scratch de mes 5 ans (Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de retirer des Converses montantes dans l’urgence. Moi oui. Et à part se couper le pied – ce qui est déjà plus ou moins en train de se produire – ce n’est pas humainement possible…).
Forcément, je panique UN PEU et frappe la vitre de plus en plus fort. Voire même très fort.
Et clairement, au moment où la roue monte sur mes orteils, j’y vais à coups de poings, hystérique. Possédée !
Le mec sort ENFIN et se jette sur moi, fou de rage :
– Vous êtes malade ?!
– Vous êtes sur mon pied !!!
– Oh putain ! Oh putain ! OH PUTAIN !
Saut de Yamakasi par la portière et démarrage façon grille de départ de Grand Prix de Monaco.
Le mec revient rapidement s’enquérir de mon état :
– Je suis désolé, je ne vous avais pas vu ! Ça va votre pied ?!
– Oui oui, ne vous inquiétez pas (C’est vrai, à ce moment-là, je n’ai plus mal : je n’ai plus de pied)
– Vous avez de quoi noter ? Je vous donne mon nom et mon numéro. S’il y a quoi que ce soit, je suis assuré, n’hésitez pas. Donc mon nom c’est Gravier. Comme un petit caillou.
– Petit ? C’est vous qui le dites…
Conconclusion :
Il vaut mieux avoir un caillou dans sa chaussure qu’un gravier dessus…