Oeil de lynx

Vendredi matin dans une rame bondée de la ligne 9.
Dernier jour d’une longue semaine. Fatiguée, j’ai trouvé le moyen de m’asseoir (sans tuer personne) et je somnole, la tête posée contre la vitre (comprendre : j’ouvre un oeil de temps en temps pour m’assurer que je ne bave pas).
Dans un moment de lucidité, en jetant un coup d’oeil autour de moi, je remarque un ventre bien rond. Le genre de ventre qui ne trompe pas. Celui qui te dit que si tu le cherches, il peut accoucher là, sous ton nez, en 2 secondes, entre Trocadero et Rue de la pompe.

Au fond de moi je m’insurge :

– Les gens sont prêts à laisser une femme enceinte voyager debout ? Alors que tout le monde l’a bien remarquée ?! Depuis combien de temps elle attend ?! C’est n’importe quoi !

Le temps de me rappeler comment fonctionnent mes jambes, j’attrape mes affaires et je commence à me lever. Mon regard remonte du ventre vers le visage de la femme et alors que je vais lui proposer ma place… JE REMBALLE MA PHRASE ET ME RASSOIE DI-RECT… PUISQUE C’EST UN HOMME !

Moustache_enceinte

Note pour plus tard

Oui oui, j’ai bien confondu un homme bedonnant, aux cheveux gras et moustachu avec une femme enceinte…
Eh bien croyez-moi, ça réveille ! La preuve : quelques minutes plus tard, il ne me faudra QUE 5 essais pour comprendre que non, mon pass Navigo ne peut pas déverrouiller la porte d’entrée du bureau.

(Ce post n’est pas sponsorisé par l’amicale de la Vitamine C… et c’est bien dommage.)

 

PS : La légende dit que dans la même journée, j’aurais également tapé ma date de naissance à la place du code d’entrée de l’autre porte du bureau. Trois fois de suite. Et que s’appelorio Quézac.

Le travail, c’est la santé

Nouveau boulot depuis quelques semaines. Premier rendez-vous chez mon client le plus important. Autant vous dire que je tiens à faire bonne impression.
Check list « bonne impression » :

  • Arriver à l’heure (Je prévois donc les traditionnelles 18 alertes aux colis piégés dans le métro… et j’arrive avec 45min d’avance)
  • Être bien habillée (Mettre une chemise ne suffit pas. Encore faut-il s’assurer qu’elle soit bien boutonnée…)
  • Ne pas me prendre les pieds dans la moquette en marchant dans les couloirs (Je suis une professionnelle du genre et croyez-moi, ça n’inspire pas confiance du tout)

Mon interlocutrice est sympathique mais « speed ». L’ambiance est posée : on doit être rapide et efficace. Comme le dit si bien l’équipe B des journalistes qui commentent les Jeux Olympiques la nuit sur France TV : « On n’est pas venu là pour promener le chien à Jacques ! » (Je sais, on dit « de Jacques ». Mais pas eux, apparemment.)
Ça me va.
Alors qu’on se dirige vers le bureau, je reste CON.CEN.TRÉE : rapide coup d’œil aux boutons de ma chemise… tout en levant bien les pieds quand je marche. Une vraie pro !
On fait une halte à la machine à café.

— Tu prends quoi ?
— Un café
— Sucre ?
— Non, merci

Conversation normale entre personnes normales. Tout se passe normalement.
Je me détends un peu.

Elle me tend mon gobelet et commence à se servir.
Étant d’un naturel TRES timide, je n’ose pas parler. Je décide donc de me donner une contenance en prenant une gorgée de café. Méthode classique. (Dans ma vie, je pense avoir bu l’équivalent de 17 piscines olympiques « pour me donner une contenance ».)
Mauvaise idée.
Double mauvaise idée.
C’est bien joli de se « détendre » mais après, on commet des erreurs :

  1. J’ai totalement oublié que le café sort à peine de la machine et qu’il est donc BOUILLANT. Je me dissous littéralement la bouche. J’adorerais hurler ma douleur (tant pis pour la bonne impression !) mais un petit truc m’en empêche…
  2. Je n’ai pas regardé dans mon gobelet avant de boire. Dommage, cela m’aurait permis d’apprendre que cette machine met une touillette même dans les boissons sans sucre. Touillette qui est donc actuellement plantée bien bien BIEN au fond de ma gorge, entre mes amygdales, m’empêchant ainsi de crier, mais aussi de parler, d’appeler au secours et d’avaler le café bouillant qui continue de dissoudre gentiment ma bouche.
Cafe_touillette

Serial Killer

Il doit me rester maximum 5 secondes avant d’être découverte et de mourir asphyxiée ET humiliée.
Après tout ces efforts ? C’est non !
Plus que 4 secondes.
Un peu comme Rambo recousant lui-même ses blessures, je n’écoute que mon courage et lance ma main (à ce stade, on peut parler de « lancer ») dans ma bouche pour attraper la touillette et la tirer de là, tout en me jetant très élégamment au dessus de la poubelle pour tout recracher (café compris).

Ne me demandez pas comment c’est possible mais personne ne remarque rien… et le rendez-vous reprend son cours.

Notes pour plus tard :

  • Pour moi : Ajouter « éviter de mourir chez les clients » à la check list « Faire bonne impression »
  • Pour vous : Apparemment, j’ai l’agonie discrète. Du coup, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil vers moi de temps en temps, histoire de vérifier que je ne suis pas en train de me pendre accidentellement avec mes lacets. Merci 🙂

 

Heureusement, Ikea est là !

Ikea

Au-delà des Billy, des Expedit et de toutes les collections de bougies, je crois que ce que je préfère chez Ikéa, ce sont les bribes de conversations privées (mais hurlées quand même) dont on profite pendant la visite :

La fille : Tu veux que j’achète un tapis pour PEUT-ÊTRE faire plaisir à un putain de mec que je pourrais HYPOTHÉTIQUEMENT rencontrer ?!
La mère : Oui.

Njut* is in the air !
*Profiter, vibrer, s’éclater

« Passez votre BAFA » qu’ils disaient !

Juillet.
Colonie de vacances. Jeu de mimes avec les 5-7 ans, tous en ronde. Celui qui devine ce que mime son copain passe au centre et mime à son tour.
Gros avantage : ils pensent tous à peu près aux mêmes choses donc ça va vite et ça rit beaucoup.
Enfin… « Tous »… A peu près…

C’est au tour de Dimitri, 6 ans.
Il s’installe au centre, s’allonge sur le côté, tend ses jambes et des bras devant lui, contracte le tout, yeux grands ouverts, et ne bouge plus.
Les idées commencent à fuser :

– Un chat !
– Quelqu’un qui dort !
– Un hérisson !! (Alors… Oui, parfois on ne comprend pas, mais c’est pas grave.)

Apparemment, ce n’est rien de tout ça…

– Dimitri, tu peux parler si tu veux
– Non, je peux pas ! Ça parle pas !
– Ah ! Vous avez tous entendu, c’est un indice : c’est quelque chose qui ne parle pas !

Nouvelle salve de propositions :

– Une table !
– Un doudou !
– Un arbre ?
– UN HÉRISSON ! (Sait-on jamais !)

Toujours pas… Cela fait 15 minutes que Dimitri est allongé devant nous, sans rien dire. Le groupe commence à se déconcentrer…

 

– Tu donnerais un indice aux autres pour les aider un peu..?
– Non, c’est de la triche !!
– Ah. Pardon… Bon… Vous avez d’autres idées…?
-…
-…
-… Un hérisson..?
– Dimitri, on dirait bien que tu as gagné ! Bravo ! Tu peux nous dire ce que c’était ?
– Bah c’était facile !!!! UNE VACHE MORTE AU FOND DE L’EAU !!!
-… On aurait plus dit un hérisson…

 

On n’est pas à l’abri d’entendre à nouveau parler de ce garçon un jour… à la FIAC.

 

Herisson

Qui m’a traité de vache ?!

 

Crédit photo : http://instagram.com/biddythehedgehog