Nouveau boulot depuis quelques semaines. Premier rendez-vous chez mon client le plus important. Autant vous dire que je tiens à faire bonne impression.
Check list « bonne impression » :
- Arriver à l’heure (Je prévois donc les traditionnelles 18 alertes aux colis piégés dans le métro… et j’arrive avec 45min d’avance)
- Être bien habillée (Mettre une chemise ne suffit pas. Encore faut-il s’assurer qu’elle soit bien boutonnée…)
- Ne pas me prendre les pieds dans la moquette en marchant dans les couloirs (Je suis une professionnelle du genre et croyez-moi, ça n’inspire pas confiance du tout)
Mon interlocutrice est sympathique mais « speed ». L’ambiance est posée : on doit être rapide et efficace. Comme le dit si bien l’équipe B des journalistes qui commentent les Jeux Olympiques la nuit sur France TV : « On n’est pas venu là pour promener le chien à Jacques ! » (Je sais, on dit « de Jacques ». Mais pas eux, apparemment.)
Ça me va.
Alors qu’on se dirige vers le bureau, je reste CON.CEN.TRÉE : rapide coup d’œil aux boutons de ma chemise… tout en levant bien les pieds quand je marche. Une vraie pro !
On fait une halte à la machine à café.
— Tu prends quoi ?
— Un café
— Sucre ?
— Non, merci
Conversation normale entre personnes normales. Tout se passe normalement.
Je me détends un peu.
Elle me tend mon gobelet et commence à se servir.
Étant d’un naturel TRES timide, je n’ose pas parler. Je décide donc de me donner une contenance en prenant une gorgée de café. Méthode classique. (Dans ma vie, je pense avoir bu l’équivalent de 17 piscines olympiques « pour me donner une contenance ».)
Mauvaise idée.
Double mauvaise idée.
C’est bien joli de se « détendre » mais après, on commet des erreurs :
- J’ai totalement oublié que le café sort à peine de la machine et qu’il est donc BOUILLANT. Je me dissous littéralement la bouche. J’adorerais hurler ma douleur (tant pis pour la bonne impression !) mais un petit truc m’en empêche…
- Je n’ai pas regardé dans mon gobelet avant de boire. Dommage, cela m’aurait permis d’apprendre que cette machine met une touillette même dans les boissons sans sucre. Touillette qui est donc actuellement plantée bien bien BIEN au fond de ma gorge, entre mes amygdales, m’empêchant ainsi de crier, mais aussi de parler, d’appeler au secours et d’avaler le café bouillant qui continue de dissoudre gentiment ma bouche.
Il doit me rester maximum 5 secondes avant d’être découverte et de mourir asphyxiée ET humiliée.
Après tout ces efforts ? C’est non !
Plus que 4 secondes.
Un peu comme Rambo recousant lui-même ses blessures, je n’écoute que mon courage et lance ma main (à ce stade, on peut parler de « lancer ») dans ma bouche pour attraper la touillette et la tirer de là, tout en me jetant très élégamment au dessus de la poubelle pour tout recracher (café compris).
Ne me demandez pas comment c’est possible mais personne ne remarque rien… et le rendez-vous reprend son cours.
Notes pour plus tard :
- Pour moi : Ajouter « éviter de mourir chez les clients » à la check list « Faire bonne impression »
- Pour vous : Apparemment, j’ai l’agonie discrète. Du coup, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil vers moi de temps en temps, histoire de vérifier que je ne suis pas en train de me pendre accidentellement avec mes lacets. Merci 🙂
tu me fais mourir de rire !! (enfin en vrai je me retiens parce que je suis au boulot et qu’on trouverait ca bizarre que je me marre devant mes dossiers! )
Et moi j’ai bien failli me faire mourir tout court 😉 (merci beaucoup !)