Marie-Féroce n’a pas dit son dernier mot

Marie-Feroce-titre-petite-aventure

Résumé des épisodes précédents :
On est parti en vacances avec le chat.
Elle pète les plombs.
On est parti chercher du renfort.

On a de la chance (ne riez pas) : l’appartement est vraiment à trente mètres du cabinet du vétérinaire : on arrive donc rapidement sur place.
Comme à chaque fois, on ouvre tout doucement la porte et on essaie de la localiser : l’avantage c’est que vu qu’elle se met immédiatement à grogner, on la repère vite. C’est alors que Jean-Véto nous expose son plan :

Lui : Mmgfggfmettre les gants. Mmfgfgdgdd la maintenir…. Mfgfgfgfgdvous mettez la boîte. D’accord ?
Moi :  (regard qui crie « t’as compris un truc ? ») …
:  (regard qui répond « rien ! ») …
Moi :  (regard qui dit « si on parle pas, il va se douter qu’on n’a pas capter et répéter »)
: … (il ne répète pas)
Moi : Attendez. Vous l’attrapez et nous on apporte la boîte, c’est ça ?
Lui : Mmgfgff oui. Une. Mmgfges l’autre m’aide. Mmggfffpfpeux pas bouger les mains

On a même droit à une démonstration : Jean-Véto enfile les gants renforcés avec des mailles en métal et tente de bouger les doigts façon « pouët pouët camembert » (si vous avez une autre façon d’appeler ça, je suis preneuse…).

pouet_camembert_main_petite-aventure
Résultat : c’est infaisable. Ok, il est protégé mais niveau mobilité, c’est à peu près aussi efficace que s’il avait plongé les mains dans le béton. Je ne la sens pas du tout, cette histoire… Et pourtant on se lance (enfin, lui, il se lance et nous on le suit parce qu’on n’a pas trop le choix).

Les premiers essais sont totalement infructueux mais ont au moins le mérite de nous apprendre que Marie-Féroce n’attaque la première : elle gueule plus fort que le cochon nain de Georges Clooney MAIS, elle ne dégaine griffes et crocs que si on s’approche de trop. Le souci c’est qu’on DOIT s’approcher. Petit à petit, elle recule pour finalement se retrouver coincée dans l’entrée de l’appart sans issue possible. C’est alors que Jean-Véto se jette sur elle et l’attrape :

Lui : MMgfgfvrVENEZ !
Marie-Féroce : MAAAOOOWWWWAAABONGAAAAA !
Moi : Hhhhiiiiii !
: ON FAIT QUOI ?
Lui : BOÎTE ! BOÎTE ! (ne nous emmerdons plus à faire des phrases)
Moi : …. (perso, je ne m’emmerde même plus à faire des mots)
: Je suis là ! Derrière vous !
LUI : AH BAH C’EST TROP TARD ! JE PEUX PAS LA TENIR LONGTEMPS , FAUT VOUS DÉPÊCHER ! TOUT SEUL, JE PEUX RIEN FAIRE, JE PEUX PAS BOUGER LES MAINS. JE LA TIENS ET VOUS, VOUS LA METTEZ DANS LA BOITE. (C’est rigolo, Jean-Véto n’a pas de juste milieu : soit il est calme et on ne pige rien, soit il est un peu vénère et d’un coup, c’est hyper clair).
M : ok
Moi : ok
Lui : MMgfgfggfgfgfcompliqué…. Mmgfgdvais chercher le lasso (il est pas du genre à rester énervé longtemps, Jean-Véto)

Jean-Véto repart au cabinet. On espère qu’il va revenir : vu comment Marie-Féroce vient de lui lacérer le bras (alors qu’il avait bien fait exprès de troquer sa blouse à manches courtes – sa blousette, quoi – pour une blouse à manches longues…), on comprendrait qu’il quitte la ville quelques jours pour ne pas nous recroiser. Il est sympa : il revient, armé de son lasso.

Lui : mmmffgppppdéjà été attrapée au lasso ?
: Non.
Lui : mmmpffffaire attention parce que si elle se débat, elle peut se briser le cou
M et moi :

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La chasse peut reprendre.
Jean-Véto tente tout ce qu’il peut mais Marie-Fé’ n’est pas un lapin de six semaines et elle parvient à esquiver toutes les tentatives. Quand elle ne se sauve pas à l’autre bout de la pièce, elle balance des coups de patte dans le lasso, ce qui a pour conséquence de tirer sur la corde et d’empêcher qu’on fasse quoi que ce soit. En gros, le lasso, ça ne sert à rien. A part peut-être sur les animaux neurasthéniques. Ou morts.
La blague dure quand même deux bonnes heures. Bilan : Marie-Féroce est plus essoufflée que jamais mais elle est toujours libre. Dans la bataille, elle s’est mordue la langue et de petites gouttes de sang coulent de sa bouche.

Lui : mmmpffffarrêter là… On n’y arrivera pas. Mmpppfffpeur qu’elle ait une attaque…
M et Moi : Oui ok d’accord on arrête là !
Moi : Par contre, du coup on fait comment pour le scanner ? Parce que là on ne peut pas l’emmener où que ce soit…
Lui : MMppfffffpas la peine pour le scanner… Elle n’est pas folle. Mmmppff sait ce qu’elle fait. Elle a simplement peur. Et c’est un chat qui va au-devant de ce qui lui fait peur.

Prenons quelques secondes pour bien comprendre ce que vient de dire Jean-Véto (pendant que lui, repart dans son cabinet soigner ses lacérations) :
Marie-Féroce n’est pas dingue et n’a donc pas besoin qu’on l’emmène passer un scanner : ça, c’est la très bonne nouvelle de la journée. Mais, dans ce cas, pourquoi passer deux heures à lui courir après ? Pour l’attraper, ok, mais pour en faire quoi exactement, à partir du moment où tu comprends que tu n’as besoin de l’emmener nulle part ? Non parce qu’on est mercredi : on n’allait pas la laisser dans la boîte 1 semaine…

Nous voilà de retour au point de départ, à une différence près : on a vu qu’il était possible de faire reculer Marie-Féroce dans la petite pièce d’entrée de l’appart. Au téléphone, la comportementaliste nous a conseillé de l’y enfermer avec litière et nourriture le temps qu’elle se calme. Ça fait plus de deux heures qu’on est après elle, elle est KO : c’est notre meilleure opportunité. En deux minutes, on prépare les lieux avec ses affaires : on est prête ! Si l’opération fonctionne, on est officiellement en vacances au moins jusqu’à dimanche (jour où l’on doit rendre l’appart).

On attrape chacune un balai pour lui bloquer les différentes issues et on commence à essayer de la faire reculer. On donne tout mais on flippe de lui faire faire une attaque. Elle aussi, elle flippe, et pas qu’un peu : elle hurle, grogne, essaie de se sauver en escaladant les meubles, les murs. Le tout en continuant de saigner et en en étalant partout où elle passe : sur les meubles… les murs…

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A force de tentatives, on finit par la rapprocher de la porte. De plus en plus… Elle recule, crache, grogne, est quasi dans la pièce…. Et au dernier moment, bondit et part se réfugier sur le dossier du canapé !

: Ne mets pas ton balai par-là, sinon elle peut se sauver.
Moi : Oui, j’ai vu, ça marche. On réessaie tout de suite ?
: OuiOOOH PUTAIN NON ! NON NON NON !
Moi : Quoi quoi quoi ?
: LE CANAPE !
Moi : Quoi, le canap…. OH NOOONN !

Ça fait deux jours qu’on est arrivé à Biarritz.
Deux jours que Marie-Féroce est en panique celtique et qu’elle ne va plus dans sa litière.
Deux jours et tout ce qu’elle a été capable de faire, ce sont quatre pauvres gouttes de pipi sur le parquet quand elle a eu peur que Jean-Véto l’attrape.
Deux jours et il faut que le pic de stress qui fait lâcher les vannes soit maintenant, quand elle atterrit sur le dossier du canapé. Un canapé qui appartient à une personne qui « refuse habituellement les animaux dans son appartement mais comme vous m’assurez qu’elle est mignonne et propre, alors ok 🙂 »

C’EST
LA
MERDE !

On se précipite sur le sopalin. J’en déroule des kilomètres et M. les place direct sous Marie-Fé’ pour tenter d’absorber un maximum en vol. Dès qu’un paquet est plein, on en met un autre. Puis un autre. Puis un autre. Ça contient combien, exactement, une vessie de chat ?! On limite un peu la casse mais le mal est fait. Notre seul espoir : nettoyer immédiatement. Ok, mais Marie-Féroce, qui se sent désormais bien plus légère, n’est toujours pas enfermée. C’est un véritable contre la montre qui démarre. J’arrache la housse du canapé (histoire que le matelas soit épargné) pendant que M. ramasse les balais. Marie-Féroce tente un repli mais cette fois, on la prend de court et elle est obligée de se placer devant la porte de l’entrée. M. lui barre la route. Je pousse mon balais vers elle. Pour se défendre, elle se jette dessus et le dévore littéralement. On y est presque ! J’en profite pour la pousser dans la pièce façon curling. On referme la porte et CA Y EST ! ELLE EST DEDANS !

— Oh non, merde, la porte ne tient pas fermée !
— … On va tirer le banc devant. (un banc quatre places en bois massif, tout de même)
— Ça va aller, comme ça, tu crois ?
— …. Tu penses qu’elle peut le pousser ? … On va caler le banc avec la table (une table huit personnes en bois massif également : là, honnêtement, même si elle voulait tenter de défoncer la porte…)

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Rapide coup d’œil autour de nous : le feng shui est porté disparu.
C’est plus un appart, c’est une scène de crime.
Plus un meuble n’est à sa place.
Il y a du sang sur les murs.
Les deux balais portent des traces de morsures et de sang.
L’odeur de pisse commence à nous prendre à la gorge.
On est mûr pour un « Faites entrer l’accusé » d’anthologie !

On rend l’appart dimanche (ne me demandez pas comment on va attraper le chat)…
ON SAIT PAS TROP TROP COMMENT ON VA S’EN SORTIR !

Petite-aventure-gerer-marie-feroce

TO BE CONTINUED
(et on n’est en vacances que depuis trois jours)

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