Un dimanche matin sur la Terre

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Quand tu penses descendre 5 minutes dans la rue pour ouvrir ton parking et que tu finis par un sprint en pyjama à travers ton quartier.

Ce dimanche matin, j’attends un ami qui vient me rendre un service de taille : changer les amortisseurs de ma voiture. Quelques minutes avant son arrivée, je descends (en pyjama)dans la rue d’à côté pour lui ouvrir la porte du parking. Et j’attends.
5 minutes. 10 minutes…

Une dame arrive à ma hauteur et engage la conversation :

— T’attends qui ? T’ATTENDS QUI, PUTAIN ?

Analyse rapide de la situation : cette dame n’est ni amicale, ni sobre. J’esquive et tente d’appeler mon ami. Petit problème : toutes les rues du quartier ont changé de sens de circulation il y a 6 mois et son GPS n’est pas au courant (aucun GPS n’est au courant, d’ailleurs…).

La dame insiste :

— Ils t’ont séquestrée, c’est ça ?! C’est Ivan ! Il t’a coupé les pieds ! Mais ça va, ils se sont régénérés grâce à ton sang ! Je vais t’aider ! Je vais te sauver !

Je mets rapidement à jour ma précédente analyse : cette dame, en plus de l’alcool, semble avoir un petit souci psy. Bon. Ce sont des choses qui arrivent. Ça surprend mais ce n’est pas grave. Je ne prête pas attention. Grosse erreur ! Alors que je pensais qu’elle s’éloignait, elle revient vers moi d’un pas trop décidé pour être honnête.

— C’est quoi ton code ? T’as un trou de mémoire ? Je sais que t’as un trou de mémoire, putain ! Je t’avais dit de pas oublier ton code ! C’est 773. C’est très important, t’entends ?! T’es avec Ivan c’est ça ! Je vais te buter !

Je préférais encore quand elle voulait me sauver… Je tente de filer discrètement mais elle a décidé de me suivre partout et ça commence à devenir un peu oppressant. L’entrée de mon immeuble est un peu trop loin à mon goût : je fonce me réfugier dans le Franprix d’à côté. Si elle ne me voit pas, elle va bien finir par passer à autre chose.
Toujours en pyjama, je me cache dans les rayons en me baissant légèrement pour ne pas qu’elle me voit, ce qui est parfaitement inutile puisque les étagères sont deux fois plus hautes que moi (on est un peu con quand on a peur). Au bout de quelques minutes, planquée derrière l’étal de fruits et légumes, j’interpelle la caissière :

— Excusez-moi, elle est partie, la dame ?
— Non. Elle est devant. Je crois qu’elle vous attend.

MERVEILLEUX !

Pendant ce temps, mon pote erre toujours dans le quartier sans jamais réussir à atteindre ma rue. (D’après la Mairie du 20ème arrondissement, les nouveaux sens des rues permettent de fluidifier la circulation, « mais il est plus difficile pour les riverains d’accéder au quartier ou d’en sortir ». C’est vrai que c’est un détail, finalement.).

Légèrement exaspérée par le caractère débile de la situation (un ami tourne quand même en voiture depuis plus de 30 minutes simplement pour venir me rendre service et je suis incapable de lui fournir des indications cohérentes au téléphone parce qu’une dame aussi azimutée qu’alcoolisée a décidé qu’il est temps de me sauver la vie. Ou d’y mettre fin. On sait pas trop.), je finis par lui proposer de se garer et de m’indiquer où il se trouve.

Et c’est ainsi que votre héroïne, toujours en pyjama, se lance un sprint d’anthologie depuis le Franprix jusqu’à l’autre bout du quartier, en passant devant la dame hurlant des horreurs au sujet de ce Yvan dont je ne veux plus rien savoir !

Je me demande si c’est une bonne idée que je continue à sortir de chez moi…

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