J’ai survécu aux 5 premiers jours de cette colo. C’est pas le 6ème qui va me faire peur…!
Jour 6
La semaine a laissé des traces. Les selles des vélos étant « un peu » dures, j’ai l’impression d’animer un groupe de jeunes cowboys. Ma coloc’ de tente se tape l’angine du siècle et de mon côté, je pense avoir développé une réelle phobie de l’eau chaude (pour ceux qui débarquent, voir l’épisode précédent). Angine-Girl et moi partons quand même avec un petit groupe pour faire un dernier tour de VTT, mais pas bien longtemps vu son état. Enfin, quand je dis « pas bien longtemps »… Juste assez pour qu’une guêpe vienne m’empaler le mollet, en fait..! CHOUETTE ! La bonne nouvelle c’est que je ne suis pas tooootalement allergique. La mauvaise c’est que… un peu quand même. Retour sur le camp. Je passe en mode Koh-Lanta et tente tout ce qui me passe par la tête : du feu près de la piqûre, l’aspi-venin. On verra bien si ça fonctionne… Pendant ce temps, les jeunes m’apportent tout leur soutien :
— Oh putain ! On dirait qu’on ta greffé un 2ème mollet au dessus du 1er ! Tu vas éclater ! C’est chaud !
(Manifestement, rien n’a marché…)
La vraie bonne nouvelle, c’est que le stage de survie la semaine au camping est terminée ! On n’a plus qu’à rentrer ! Sauf que, bien entendu, ce n’est pas si simple que ça. Au programme : rando vélo/kayak pour rejoindre le bus. La piste de VTT longe la rivière. Les ados commencent par le VTT ou le kayak et échangent à mi-chemin. Pour les 2 animatrices au bord du dépôt de bilan (à savoir Angine-Girl et moi-même) ce sera vélo tout le long.
La première moitié du trajet est d’un calme presque suspect. Tout le monde avance bien (y compris notre mourante et ses 40 de fièvre. Respect). La légère brise fait doucement flotter mes fringues sur ma piqûre de guêpe (et je déploie alors des trésors d’auto-persuasion pour ne pas céder à la tentation de m’amputer à coups de machette). Seul un petit cliquetis venant d’un des vélos me dérange un peu. Du coup, au moment du changement kayak/velo, j’en profite pour récupérer le VTT en question. S’il a un souci, j’aime autant que ce soit avec moi (c’est si beau ce dévouement… Si con, un peu, aussi…). On repart. Le cliquetis continue mais pas moyen de savoir d’où ça vient.
On est quasiment arrivé : encore une centaine de mètres sur la piste, puis c’est une belle descente sur la route jusqu’au bus et on n’en parle plus ! Et bien entendu, c’est au moment précis où je me réjouis qu’un cliquetis plus fort que les autres me surprend. Tout en continuant à rouler, je regarde mon vélo pour tenter de trouver l’explication à ce truc qui devient plus que pénible. Et bonne nouvelle : je la trouve enfin ! Je me vois alors partir sur le côté, doucement mais surement , alors que le reste du vélo reste bien droit (à mon avis, ça n’allait pas si doucement que ça. J’ai juste vu la fin de ma vie au ralenti.). Le cadre EN MÉTAL vient tout simplement de péter net juste sous la selle… NORMAL ! Je suis donc toujours bien assise sur une selle.. Qui ne tient plus sur rien et se barre dans le décor. Et comme si se casser la gueule ne suffisait pas, je trouve le moyen de me planter le cadre pété dans l’intérieur de la cuisse (tournez pas de l’œil : ça ne s’est pas vraiiiment planté planté… C’est plutôt comme si Thor m’avait collé un bon coup de marteau. Moins dégueu, mais tout aussi douloureux. Je suis violette, c’est magnifique. S’en suit un enchaînement triple boucle piqué – triple axel : je suis quelque part entre Jany Longo et Candeloro. C’est sublime. Je me permets de dire « sublime » car apparemment, vu de l’extérieur, c’est assez esthétique. Bon, une des ados pleure parce qu’elle a cru que j’étais morte (amis de la demi-mesure, bonjour), mais les autres trouvent ça beau.
Après un rapide checkpoint de mes fonctions vitales, je ramasse mes dents, ma fierté et je me relève en affichant un sourire radieux (alors que j’ai tellement envie de chialer ! Mais au moins, j’ai oublié la piqûre de guêpe). C’est à ce moment qu’Angine-Girl me prend à part :
— Tiens, prends mon vélo et pars devant, je vous suis. (Comprendre : « Laissez-moi ici, ne vous retournez pas, je vais vous ralentir… »)
— C’est gentil mais je ne peux pas pédaler : je ne peux pas poser le pied par-terre. Pars devant toi. (Comprendre : « Laissez-moi ici, ne vous retournez pas, je vais vous ralentir… »)
— Je peux plus avancer non plus, j’ai 68 de fièvre, environ.
On y était presque pourtant… Mais non ! Nous voilà donc un peu dans la merde, pas loin du point de rendez-vous mais pas arrivés non plus. La partie Bisounours de l’histoire c’est que tous les ados descendent de vélos pour finir la piste à pieds. Une fois dans la descente, sur la route, c’est tout de suite plus facile pour tout le monde (même si j’avoue me concentrer TRES fort pour ne pas oublier de ne PAS m’asseoir rapport au fait que ma selle se trouve dans ma main.).
BONUS
Après cette semaine (de l’enfer), je gagne le droit de rester à la colo pour le reste du séjour. J’ai l’impression d’avoir gagné le totem d’immunité ! (ils ont eu peur que je ne survive pas, je pense…). Du coup, c’est moi qui endosse le rôle d’assistante sanitaire. À 18 ans donc. La PRESSION. Mais bon, ce ne sont pas 3 rhumes et 5 piqûres de moustiques qui vont me faire peur.
1er jour :
— Caro, je crois que je me suis fait mal au genou. (Relève son pantalon et me montre un sublime genou donc.. Puis un 2eme, juste au-dessus du premier !)
— Qu’est ce qu’il s’est passé ?
— J’ai lâché le voilier sur ma jambe.
Voilà voilà…
Mais finalement, qu’est-ce qu’un bateau qui tombe sur une jambe à côté de :
- Angine-Girl qui part se faire opérer des amygdales en urgence
- L’animatrice qu’on doit obliger à voir un médecin parce qu’elle tombe dans les pommes toutes les 10 minutes après une mauvaise chute sur la plage
- Le médecin qui me demande pourquoi TOUS les gosses ont des put*** de suçons PARTOUT (va lui expliquer qu’ils font un genre de concours débile et qu’ils s’en font carrément à eux-mêmes…)
- Le médecin qui me demande pourquoi les gosses portent des foulards/écharpes/bandana en plein mois d’août (parce que j’en ai marre que tu me demandes pourquoi ils ont des suçons partout, que l’épidémie a cessé mais qu’ils restent apparemment quelques candidats en course dans ce concours que je n’ai toujours pas compris !)
Les colonies de vacances ? Ça fait partie des meilleurs souvenirs de ma vie !
PS : Oui, mon âge a fini par être révélé. À 2 heures du départ des ados. Les 2 heures durant lesquelles j’ai eu le moins d’autorité de toute ma vie…