T’es là, tu passes ton temps à dire à qui veut bien l’entendre que les colos font parties des meilleurs souvenirs de ta vie et puis soudain, tu t’en souviens un peu plus en détails (et tu penses toujours la même chose, sauf que tu sais que tu es cinglée).
Fin juillet
Après 3 semaines d’animation intensive (oui, avec des petits de 4 à 6 ans, croyez-moi, c’est intense), coup de fil sur le chemin du retour :
— Caro ? Tu fais quoi pendant les 3 prochaines semaines ?
— Je dors. Pourquoi ?
— Je commence une nouvelle colo là et on a eu des désistements d’animateurs. Tu viens ?
— (Dis non et va dormir ! Dis non et va dor…) Ok ! (Pauvre folle…)
— Tu peux être là demain ?
— Heu… Laisse-moi le temps de faire une lessive, de prendre un billet de train (et de dormir plus de 2h d’affilées) et j’arrive.
— Juste un truc : on ne dira pas ton âge aux jeunes.
— Pourquoi ?
— Les plus vieux ont 16 ans. T’en as 18…
— Ah ok. De toutes façons il n’y a pas vraiment de raison de parler de mon âge… Pourquoi tu ris ?
Arrivée sur place, premier ado que je croise :
— Salut, c’est toi la nouvelle ? Tu t’appelles comment ? T’as quel âge ? (Va falloir tenir 3 semaines, donc…)
Jour 1
J’apprends que chaque semaine, un petit groupe part en camping faire du VTT et du kayak. Et comme nous ne sommes que 2 à avoir notre brevet de secourisme, je gagne le droit d’accompagner le groupe la 1ère semaine, l’autre anim’ restant à la colo.
1er défi : montage des tentes. Étonnamment, tout se passe bien. À un détail près : l’une d’elles est cassée et ne ferme plus. Et on nous a prévenu que la nuit, il fait un peu froid dans le coin. Pas grave, on est 4 animateurs : on décide de tous dormir dans une seule tente. Une Igloo 2 personnes, donc… (BAFA : Brevet d’Aptitude à la Fonction d’Abruti).
Mais avant d’aller se coucher, arrêtons-nous un instant sur la question des douches. Comme dans tout camping qui se respecte, elles sont communes, dans un bâtiment façon vestiaire et pas moyen de changer la température de l’eau. Je vois déjà d’ici le super combo « On se gèle la nuit : réchauffons-nous avec une bonne douche froide » mais finalement, les ados en ressortent, ravis :
— Elle est trop bonne par rapport à l’année dernière ! C’est trop cool !
PARFAIT
J’y cours ! Inconsciente que je suis… Je vous passe les détails de ma légère sensibilité à la chaleur. Je vous dirai juste que je sors de là rouge. Non, en fait je sors : ROUGE ! Si j’étais une crevette, on dirait « cuite » mais là du coup, je me contente d’un sobre « ROUGE ». En majuscules tout de même. (Les jours de lavage de cheveux, je pleure aussi un peu en poussant des petits cris et j’hésite très fort à me les rincer dans la cuvette des toilettes mais apparemment, je tiens plus à mon amour propre qu’à mon cuir chevelu).
Nous voilà donc prêt à aller nous coucher… Toujours à 4 dans une tente pour 2… Sincèrement, si un jour vous vous trouvez dans cette situation : trouvez vite un put*** de plan B ! À moins, bien sûr, que vous ayez envie de passer la nuit le visage collé à la toile mouillée (parce que forcément, il a plu !) avec la désagréable impression que quelqu’un tente de vous étouffer, le tout dans une chaleur de veau. Jamais de ma vie, je n’ai été aussi heureuse de me lever (mais rassurez-vous : la perspective d’avoir à aller me doucher m’a très vite calmée. Heureusement qu’on a eu la présence d’esprit de réserver une partie du budget bouffe pour le Nutella du petit dèj, sinon je pense que je serais morte)
Jour 2
Objectif de la journée (en plus de nous occuper des « petits » hein, paniquez pas !) : trouver ce fameux plan B. C’est vite vu : on est 2 à se dévouer pour prendre la tenter pétée (les 2 qui ont dormis la gueule écrasée sur la toile – à ce jour, je pense d’ailleurs que la forme de mon visage y est encore incrustée). Après tout, il fait froid, il fait froid… on est quand même en août, faut pas déconner (et on a failli mourir d’auto combustion la veille) ! Et c’est ainsi que, sur les coups de minuit-1h du matin, nous découvrons que la nuit, en Bretagne, il fait suffisamment froid pour pousser 2 adultes parfaitement saines d’esprit à se rouler dans une couverture de survie en attendant leur mort…
Jour 3 à 5
RAS :
- On a trouvé une solution pour la tente.
- Les sessions VTT / Kayak se passent bien.
- On essaie de rendre la vie quotidienne un peu chouette, par exemple en faisant des crêpes pour le dîner… Probablement l’idée la plus débile qu’on ait eu (juste après cette histoire de 4 dans une tente…) quand on imagine 2 secondes le temps que ça peut prendre de faire assez de crêpes pour nourrir 15 ados affamés qui viennent de passer leur journée à faire du sport (Vous avez déjà vu une piscine de pâte à crêpes ? Depuis ce jour, moi, oui).
- Je mets en place tout un tas de techniques pour moins me brûler sous la douche : crier plus fort, sauter sur place, courir sur place (des fois que ça change quelque chose…), me tenir le plus loin possible de la douche pour voir si l’eau à le temps de refroidir avant de me toucher (ce qui revient à se doucher sous une pluie bouillante : ça prend bien plus de temps et c’est donc pire).
Bref, la vie, quoi. Tout va bien.
Jusqu’au jour du départ…