Votre prénom à vous, c’est François, c’est juste ?

Petitjean

 

Je ne me lasserai JAMAIS de la ligne 9 (et de tous ces gens qui parlent suffisamment fort pour que je puisse suivre ce qu’ils se racontent) :

— Elle a appelé son fils aîné du même nom que son ex-mari ?!
— Oui. Presque. Mais c’est pas Jean, c’est Petitjean.
— Ah ok. Mais… pourquoi « petit » ? Il y a aussi un Grandjean ?

 

Situs Inversus, gynécologie et géométrie

En 31 ans, je pensais avoir à peu près tout entendu au sujet de mon Situs Inversus Complet. (À part peut-être le « Excusez-nous mais on vous a opéré du mauvais côté, on est désolé, on va recommencer. » Mais ça à la limite, si ça n’arrive pas, ça ne me dérange pas plus que ça.) Et bien sachez que je me fourrais le doigt dans l’œil assez profondément pour pouvoir m’en faire un nœud coulant autour de la cheville. J’ai un peu hésité à vous le raconter mais je crois qu’il faut exorciser le truc !

Ce matin, j’ai rendez-vous chez une gynécologue que je n’ai jamais vue de ma vie. J’ai pris rendez-vous chez la première qui avait de la place parce que j’ai une boule dans le sein et que, on ne va pas se mentir, je suis totalement flippée. J’arrive en avance et j’attends en lisant quelques magazines.*

C’est mon tour. La nana a l’air sympa (ce n’est pas ce qu’on lui demande, certes, mais c’est au moins ça !). Du coup je me détends un peu et j’explique pourquoi je suis là. Pas d’inquiétude, ce n’est probablement pas grand chose mais avant de regarder de plus près**, il faut créer un dossier à mon nom.
Ok.

Questions classiques :

  • Nom ?
  • Prénom ?
  • Antécédents médicaux ?
  • Est-ce que vous fumez ?
  • Est-ce que vous vous droguez ? Non mais pour de vrai…
  • Avez-vous laissé votre bagage sans surveillance dans la salle d’attente ?
  • Prévoyez-vous d’assassiner le Président des États-Unis ?

Et là, allez savoir ce qui me prend :

— Ah si, j’oubliais. Même si je pense que pour vous, ça ne change pas grand chose : j’ai un Situs Inversus Complet
— Ah d’accord.
— (Cool ! Elle sait ce que c’est !)
— C’est quoi, exactement ?
— (Ah bah non, en fait***). J’ai tous les organes inversés latéralement. Comme dans un miroir par rapport à vous. Mais vraiment, je ne pense pas que ça change quelque chose pour vous, vu que tout est plus ou moins symétrique, il me semble…
— Oui, oui, bien sûr…

Elle se remet à prendre des notes mais, clairement, quelque chose la chiffonne..

— Mais… Quand vous dites « inversés »… Vous voulez dire…?
— Inversés. Latéralement. Comme dans un miroir. Cœur à droite. Foie à gauche. Appendice de l’autre côté aussi. Vraiment comme si vous vous regardiez dans un miroir.
— Ah d’accord****
— Voilà… mais ne vous embêtez pas avec ça. Oubliez, même ! Vraiment ! (Parce qu’en plus, je sais par expérience que je ne gère pas hyper bien les crises d’angoisse des médecins à ce sujet)

Un temps.
Une moue.
Puis une nouvelle fois :

— Mais….
— Oui ?
— Votre vagin, il n’est pas à l’envers ?
— Mon ? HEIN ?! À l’envers ?  Heuu non, non, il est normal. Mais… Ça peut être à l’envers ??
— Non, non. Enfin, ce que je voulais dire…

Passage en mode « Chuchotons pour échanger des informations classées Secret Défense » :

— Ce que je voulais dire c’est : votre vagin n’est pas inversé avec votre anus ?
— (Yeux de poissons suivis de très près par des larmes de rire)…. Non.
— Ah ! Vous me rassurez !
— (Chouette. Il y a au moins une personne de rassurée dans ce cabinet.)

BIEN. ALORS.

  1. Merci de remettre le Situs Inversus au programme des études de médecine. Ça ne me fait plus rire du tout (Enfin si, beaucoup. Mais à un moment, je vais le payer, c’est obligé).
  2. Je ne sais pas comment cette personne utilise les miroirs chez elle MAIS JE NE VEUX PAS LE SAVOIR !
  3. Si quelqu’un a une image plus claire que « comme dans un miroir » pour faire comprendre l’idée du Situs, je suis plus que preneuse !

 

*Apparemment, Pompidou vient d’être élu.
** Pour de vrai ce n’était pas grand chose. Si ça vous arrive, ça prend 2 minutes de prendre rdv pour vérifier 🙂
*** À l’avenir, ne plus jamais prendre un « ah d’accord » pour une preuve de compréhension.
****ALERTE ROUGE : elle n’a pas compris !

Bowling for Naperville

Je vous ai parlé mon épisode « Buffy » à mon arrivée aux US.
Ce séjour a si bien commencé, ce serait dommage de ne pas vous raconter la suite.

Un des gros avantages de cet échange inter-lycées, c’est que, ne nous voilons pas la face : on est clairement en vacances. Certes, on doit aller en cours mais étant donné qu’on choisit les matières qui nous intéressent, c’est un peu la colonie de vacances à NCHS (Naperville Central High School).
Pour vous faire une petite idée, rien que pour le sport, le lycée dispose, entre autres, d’un terrain de foot US, de plusieurs terrains de baseball (mais comme il neige à cette époque, à la place on peut faire du ski de fond), d’un terrain de basket (je viens d’ailleurs de découvrir que Candace Parker était dans l’équipe du lycée à cette époque !), d’une piscine, d’un mur d’escalade, d’une salle de muscu, d’un gymnase… On a aussi une sorte d’auto-école intégrée.
Quant au reste, il faudrait être un peu timbré pour aller en math quand on peut aller faire du design floral, créer ses propres bijoux ou apprendre à cuisiner (dans une salle dans laquelle se trouvent plusieurs mini cuisines ! C’est canon ! Enfin… jusqu’au moment où il faut goûter ce qu’on fait… À 9h du matin donc. Si le bretzel se marie très bien avec le café, les spaghettis bolognaise en revanche, c’est plus compliqué.)
À côté de NCHS, le lycée de Brandon, Kelly and co., c’est « 90210 – Bienvenue au Goulag ».

Naperville_central_high_school

On est en plein rêve américain jusqu’à ce fameux matin…
Les trois lycées de la ville ont reçu un message de menace qui dit à peu près : « une fusillade va avoir lieu dans la journée dans un des trois établissements et ce sera pire qu’à Columbine ». Deux lycées décident de fermer pour la journée. Pas Central.
Heu…. Ok. Vous êtes sûrs ? Mais sûrs sûrs sûrs ?
Ah.
Merde.

Des messages sont diffusés via les hauts-parleurs situés un peu partout dans les salles et les couloirs (quand je vous dis qu’on est en pleine série TV) :

— On ne sait pas exactement ce qui se passe ni qui est à l’origine du message mais ne vous inquiétez pas, nous contrôlons la situation.

NCHS_pic

Source : Central Times – janvier 2000

 

Hmm hmm. La situation semble parfaitement sous contrôle, effectivement.
Nous voilà HYPER rassurés !

Ce jour-là, c’est l’élection de la Reine de l’hiver : la fille qui sera reine du bal de la Saint Valentin qui a lieu quelques jours plus tard. Tous les élèves de Première et Terminale doivent se réunir dans les gradins du terrain de basket.
BAH OUAIS, on n’a qu’à tous se mettre en rangs d’oignons dans la même pièce. Ça sera vachement moins facile de nous dégommer ! LOGIQUE !

L’ambiance est bonne mais on sent quand même une petite tension (tu m’étonnes).
Tout le monde discute en attendant l’annonce de la gagnante quand soudain, par dessus le brouhaha, le bruit d’une porte qui s’ouvre.
Silence instantané.
Apnée collective.
Regards braqués vers l’entrée du gymnase.
Plus un mouvement.
On est impressionnants de synchronisation (Même Noureev n’a jamais atteint ce niveau dans ses ballets) mais totalement flippés.
On ne respire toujours pas. On est violets, à peu près.

Tout ça pour finalement voir la mascotte de l’école (un mec habillé en aigle rouge) entrer par une porte, traverser la salle et en ressortir par une autre. Tranquillement…
Ce sens du timing…
Jamais une peluche (géante, tout de même) ne m’aura aussi fait peur..!

On apprendra finalement dans la soirée que l’auteur des menaces a été arrêté mais que ce n’était en fait qu’une « mauvaise blague ».
HA.HA.HA. QU’EST CE QU’ON A RI. MERCI BEAUCOUP !

 

 

PS : Voici l’article paru dans le journée du lycée quelques jours plus tard. Et bien entendu, la stratégie du « On va leur en dire un peu mais pas trop histoire de faire taire la rumeur sans créer de panique » n’a pas hyper bien fonctionné…

Central_Times_Naperville

 

Brisez la glace

Premier vrai stage de ma vie : 6 mois en tant qu’attachée de presse pour les sorties DVD.
Les gens sont sympas, le boulot intéressant et on parle cinéma et DVD toute la journée. ET EN PLUS C’EST PAYÉ ! Marcel Béliveau sortirait du tiroir de la photocopieuse en criant « Surprise sur prise ! » que ça ne me surprendrait pas plus que ça…
Moi qui ne savait pas trop à quoi m’attendre en postulant, à cet instant, mon seul souci est de réussir à me retenir de faire la roue au milieu de l’open space pour exprimer ma joie.

Au bout de 3 jours, S., ma responsable me propose de l’accompagner faire un plateau TV*.
Habituellement, ça n’arrive jamais pour les DVD mais pour ce film en particulier, la comédienne principale fait quelques plateaux.

— Ca te dit de m’accompagner ? T’es pas obligée du tout, c’est comme tu veux.
— Oui, d’accord. (Ne pas faire la roue. Ne pas faire la roue. Ne pas faire la roue.)
— Vraiment, tu peux dire non si tu n’as pas envie. C’est super long comme truc. Mais voilà, si ça te tente, je t’emmène.
— Ok, je viens. (Non mais t’es malade ou quoi ?? C’est le truc le plus cool qu’on m’aie jamais demandé de faire dans un boulot !! Tu crois vraiment que je fais refuser parce que ça va me faire rentrer trop tard pour Question pour un Champion ?!)

On doit aller chercher la comédienne en taxi mais on a pris un peu de retard sur le planning. Il nous reste plus ou moins zéro minute pour arriver. On sent bien que ça va être chaud.. Du coup, quitte à bosser dans le cinéma, S. annonce la couleur au chauffeur :

— Telle adresse, s’il vous plaît. Et si vous pouviez faire vite… on est en retard !
— Pas de problème, madame, je fais au mieux.
— C’est gentil….

100m plus loin, après une grosse pointe de vitesse à 30km/h, S. se ravise un peu :

— Heuuu… Pas trop trop vite non plus, hein ! Prenez pas de risques , c’est pas grave, roulez normalement…

On roule depuis 3 minutes grand maximum (arrêts aux feux inclus).
S. s’agite de plus en plus sur son siège. Le stress d’être en retard ?
À ce moment-là, on se connait encore assez peu et la glace n’est pas totalement brisée. Du coup, je ne pose pas de question, je me contente de rester tranquille (de toute façon je n’avais pas vraiment prévu de sortir par la fenêtre pour aller m’asseoir sur le toit en criant « I’m the king of the world »).
Elle finit par voir que je la regarde du coin de l’œil et craque.
Grosse mise au point façon parrain de la mafia qui révèle à son avocat où il a planqué le corps :

— Bon, petite, on ne se connait pas encore bien mais il faut que tu saches un truc : je DÉTESTE la voiture. Je suis SUPER MALADE en voiture, voilà !

Ce qui revient plus ou moins à finir de « briser la glace ».
Au lance-flammes.

Bienvenue dans ton stage !

Bienvenue dans ton stage !

On arrive au point de rendez-vous et on récupère la comédienne, souriante et détendue. (Tu m’étonnes. Elle ne sait pas qu’elle va très probablement se faire vomir sur les genoux !)
On repart. Toujours en taxi. Je croise les doigts pour que ça aille mieux …. Et je comprends très vite que je ne croise pas du tout assez fort.
Festival de changement de couleurs sur le visage de S.
C’est un peu comme si je faisais le voyage à côté d’une lampe d’ambiance Philips multicolore : rouge, vert, jaune…  Un feu d’artifice du 14 juillet.
Les sons et lumières de Jean-Michel Jarre, à côté, ça ferait presque deuil.

On arrive enfin au studio.
S. est encore en vie (et franchement, c’était pas gagné gagné).
On s’installe dans la loge. S. attrape quelques dossiers de presse et s’apprête à sortir :

— Je dois aller en donner quelques uns.
— Je t’accompagne…?
— Non non c’est gentil merci. Ne t’embête pas, je reviens tout de suite.

Et alors qu’elle va refermer la porte, elle passe sa tête dans l’entrebâillement, vérifie que personne ne la regarde et me lance en chuchotant :

— Je vais juste gerber, je reviens !

Voilà donc comment avoir la sensation, pendant les 6 mois qui suivent, de bosser avec une amie à qui tu aurais tenu les cheveux au dessus des toilettes après une (trop) grosse soirée…!
Soyons clairs : ça crée des liens.

*C’est par où les toilettes ? Vous croyez que c’est assez grand pour faire une petite roue discrète ?

Crédit photo : Robin Lambert

Vous pensez encore que le football est un sport de garçon ?

Petite, je suis tellement fan d’Olive et Tom que quand je ne joue pas au ballon, je me passe le 45 tours du générique en boucle sur mon mange-disque. Mon père, qui joue, entraine et arbitre, m’emmène au stade avec lui tous les dimanches*. À la maison, je passe des heures dans le jardin. Je gagne 287 finales de Coupes du Monde en dribblant mon Yorkshire pour marquer le but de la victoire entre 2 buissons contre le mur en meulière des voisins.

Olive_et_Tom

Alors forcément, ça ne rate pas : arrive un moment où mon endurance de moule et moi, on finit par demander à s’inscrire dans un club. À cet époque, à l’école, je cours le 60m en plus ou moins 1/2 journée (oui, vous vous souvenez, on courrait le 60m. Pas le 50 m ou le 100 m. Le 60 m…!??), mais je m’en fous : je veux jouer au foot.

À la maison, pour le sport ou toute autre activité qu’on pourrait vouloir faire, la règle est simple :

— Tu fais ce que tu veux, mais tu fais quelque chose. Et surtout, tu finis ce que tu as commencé.

Ma maman a juste oublié de me lire l’astérisque au bout de la phrase :

— Sauf si c’est du foot. Le foot, c’est un sport de garçon.

J’espère que vous avez bien conscience de la dimension du drame qui se joue : je ne serai jamais Olivier Atton !! (Je ne serai pas Tom non plus d’ailleurs, mais ça je l’ai su assez tôt, rapport au fait que j’ai un peu peur que le ballon me fasse mal et que du coup, je suis du genre à me décaler pour le laisser filer dans le but)

Et puis un jour, à 15 ans, je découvre qu’il existe des filles arbitres officielles. PERSONNE NE M’AVAIT RIEN DIT AVANT ! J’annonce à tout le monde que je veux passer l’examen et, ô miracle, aucun refus (à dire vrai, je crois que maman est tellement persuadée que je n’irai pas au bout qu’elle ne juge pas utile de refuser).
Une fois par semaine je vais à Paris le soir après les cours pour apprendre PAR CŒUR le bouquin des règles. Et si vous pensiez que le hors jeu est le truc le plus compliqué qui puisse exister dans le sport, c’est que vous n’avez jamais eu à répondre à une question du genre :

— Un joueur tire dans la balle qui est déviée par un chien qui passait par là. Et au moment où le ballon entre dans le but, un 2e ballon atterri sur le terrain, rebondit sur vous et entre aussi dans le but. Y a-t-il but ?

Il faut croire que plus c’est tordu, plus ça me plaît : je finis 1ère  ex aequo de l’épreuve écrite**. Plus qu’à arbitrer un vrai match pour valider l’examen !
Je suis comme une dingue (et totalement flippée, soyons très clairs là dessus). Mon père m’emmène acheter maillot, short, crampons. MES CRAMPONS ! Des vrais ! Qui me vont bien (même si je n’ai pas de pénis. Fou !) Qui font « tics tics tics » quand tu marches les pieds en canard sur le carrelage du vestiaire. Bien entendu, la première nuit, je dors avec (vous avez demandé un cliché ? Ne quittez pas…)

Jour J.
J’enfile mon maillot officiellement pour la 1ere fois.
Je suis tellement stressée que je vais faire pipi. J’y retourne.
Je sors du vesti… non, je retourne faire pipi (toujours y aller 3 fois en période de stress).

Finalement, tout le monde est là : les 2 équipes (de garçons, pour ceux qui se posent la question. Je n’ai jamais arbitré de filles.), mon examinateur et mon père, qui veille au grain.
Tout se passe très bien à UN détail près (il paraît que le diable est dans les détails. C’est faux : il est dans celui-ci en particulier) : j’ai un vrai chronomètre. Un chrono de prof de sport. Un chrono AUTOUR DU COU ! Avec les boutons sur les côtés qui tapent contre moi quand je cours, forcément… Et ce qui devait arriver arrive : en pleine seconde mi-temps, je regarde le temps de jeu : 00:00. Le truc c’est remis à zéro tout seul. Tranquillement.

Et voilà comment je me retrouve, du haut de mes 16 ans, pour le 1er match de ma vie, seule au milieu de 22 mecs (qui ont tout de même un LEGER a priori sur le fait que ce soit une fille qui les arbitre) et plus aucun moyen de savoir si ça fait 10 minutes ou 3 semaines qu’ils jouent…
(Même dans « Olive et Tom », je n’ai jamais vu ça ! Il s’en passe des trucs pourtant, hein… Des mecs se font des catapultes avec leurs jambes, les goals s’envolent au fond des buts avec le ballon rapport à la puissance du tir, mais jamais, AAAAAHHH ÇA NON, JAMAIS LE CHRONO NE LES A TRAHIS !) Ma mère avait raison, j’aurais mieux fait de m’en tenir à Princesse Sarah : au pire, je me serais prise de passion pour faire le ménage et personne ne m’en aurait voulu de ne pas savoir chronométrer le temps que j’aurais mis à faire les vitres !

Princesse_Sarah

« Je me demande combien de jongles je pourrais faire avec cette pomme… »

Je regarde mon père qui est debout au bord du terrain. Je pense que mes yeux crient un truc du genre :

— Je suis tellement dans la merde ! Encore plus que si j’avais foutu un but moi-même en le faisant exprès ! (et au fait, je n’ai jamais couru autant de toute ma vie, je vais crever sur le terrain. Mais à la limite, vu les circonstances, ça va peut-être m’arranger ! Dis juste à maman que je l’aime !)

Il comprend le message, me fait signe qu’il sait où on en est et qu’il me préviendra (et que j’ai gagné le droit d’avoir une montre-chrono pour mon prochain match, si je survis à celui-ci).
Fin du match, tout va bien, j’ai mon diplôme et personne ne remarque la supercherie de Copperfield, père et fille.
On a évité l’humiliation d’un rien..!

Enfin… « évité », « évité »…
Jusqu’à ce que je sorte de la douche, que je constate un « PETIT » oubli… et que je sois obligée d’entrouvrir la porte de mon vestiaire, trempée, pour demander à mon père de me prêter sa veste de survêtement pour me sécher !!

 

CONCLUSIONS :

  • TOUT CECI NE SERAIT JAMAIS ARRIVÉ SI ON M’AVAIT LAISSÉ JOUER AU FOOTBALL POUR DEVENIR OLIVIER ATTON ET METTRE SA RACLÉE À MARC LANDERS !!! (Sauf peut-être l’oubli de serviette, ok… Mais ne parlons plus de cette histoire, c’est un peu gênant.)
  • Le football n’est pas un sport de garçon, c’est juste un sport… (Ceci dit, l’arbitrage aussi et c’est très chouette ! Si si, promis ! Du coup, au fond, je ne regrette pas vraiment… N’empêche que les sports de garçon, ça n’existe pas !)
  • Les chronomètres-colliers devraient être interdits à la vente.

 

REMERCIEMENTS :
Je tiens à remercier mon papa, sans qui 22 joueurs et moi-même serions probablement encore en train de courir sur le terrain… ❤

 

 

 

*et donc oui, comme tous les fans d’Olive et Tom, j’ai découvert avec stupeur que 1/ en se plaçant dans un but, on voit celui d’en face (le terrain n’est pas une colline) et 2/ un match se joue en moins de 5 jours
** je n’en suis pas peu fière étant donné que pendant les examens blancs (qui avaient lieu à chaque cours ou presque), on m’a d’abord accusée de tricher en copiant sur mon voisin, puis de tricher par transmission de pensées avec ce même garçon (qui n’était donc plus mon voisin vu qu’on nous avait changé de place, un peu comme en CP…)

Les plus grands humoristes ont démarré sur la ligne 9

Nouveau trajet de métro sur la ligne 9 en compagnie de 2 trentenaires adeptes du « Parlons très fort de nos vies et de nos collègues, cela intéresse forcément le reste de la rame : nous sommes si passionnants ».
Morceau choisi :

LUI : Tu te souviens des nanas qui étaient dans le bureau au fond du couloir dans l’autre agence ?
ELLE : Lesquelles ?
LUI : Tu sais bien, il y avait des chefs de projets, la compta, enfin des commerciales quoi. Pas terribles en plus…
ELLE : Ah oui !
LUI : Et bien on les appelait « les molaires » ! C’est génial, non ?!
ELLE : Les molaires ??
LUI : Mais oui ! Les molaires : les grosses du fond ! hahahahaHAHAHA !!
ELLE : HAHAHAHA !!!

J’aurais aimé vous raconter la suite mais je me suis jetée par la fenêtre.

Humoriste_ligne-9

(Je suis cachée sous le métro, j’attends que ces gens repartent. LOIN !)

J’aurais tellement (pas) pu être Buffy !

Année de Première
Echange inter-lycée pour 3 semaines avec NCHS (Naperville Central High School) – Banlieue de Chicago
Autant vous dire que l’excitation est à son comble !

Ma famille d’accueil est adorable (pour de vrai).
Le premier jour, on fait connaissance, on cale 2/3 trucs :

  • Ma correspondante, persuadée que le micro-ondes n’existe pas en France, m’explique le principe du réchauffage de la nourriture devant son père qui contient son fou-rire en me voyant écouter poliment
  • La maman me fait un café. Tellement léger que j’ai du mal à le boire. Elle re tente en forçant un peu, histoire d’avoir le bon dosage pour le petit déjeuner. C’est toujours pas ça. À la 3e tentative, plus personne ne peut le boire…et bien entendu, je ne vois pas la différence avec la première version donc on laisse tomber (mais ils me prennent pour une warrior du café et j’entretiens ainsi l’image des Français à ce sujet)
  • La petite soeur de ma correspondante me laisse sa chambre au 1er étage et s’installe dans celle de son frère pour que j’ai un endroit à moi pendant le séjour. (Tellement chou ! Merci !)
  • Oui, j’aime beaucoup la junk food mais pas tout le temps. Du coup, le GRAND placard rempli de gâteaux et bonbons en tous genres, c’est adorable mais un peu trop pour moi. Ils m’achètent donc très gentiment de la salade… et de la « Moutarde parisienne de Dijon » pour faire ma vinaigrette. ❤
  • Oui, je suis Urgences en France (sauf que j’ai 25 saisons de retard), donc on pourra regarder tous ensemble LE super épisode que tout le monde attend et dans lequel le Dr Carter et Lucy Knight se font agresser (dit comme ça, ça fait un peu morbide mais rappelez-vous à quel point on l’attendait, cet épisode !)

Les bases sont posées : j’aime beaucoup ces gens, je suis plus que bien reçue et je me sens tout de suite chez moi.

La 3e ou 4e nuit, à 5-6h du matin, j’entends du bruit venant du sous-sol. Forcément, je me demande ce que c’est… Je m’inquiète un peu aussi. Est-ce que l’un d’entre eux a un problème ? Est-ce que quelqu’un tente d’entrer ?? Je me lève et j’ouvre la porte de ma chambre en espérant un peu que le bruit aie réveillé quelqu’un d’autre que moi. Bien entendu, comme dans toute scène flippante qui se respecte, NON.
Ce serait vraiment chez moi, je n’aurais pas super envie de laisser un cambrioleur entrer ou qu’il arrive un truc à ma famille donc j’irais voir (en poussant des cris de veau pour réveiller tout le monde et faire peur aux assaillants parce que je flipperais comme jamais, sauf que là, bien entendu, je n’ose pas trop…).
Je fais donc ce que toute personne sensée ferait à ma place dans un pays où les armes sont en vente libre : je descends toute seule, en pyjama et pieds nus* pour voir qui essaie d’entrer dans « ma » maison. BAH TIENS !

Au rez-de-chaussée, le bruit se précise. Ça vient clairement du sous-sol. Quelque chose frappe fort. Pour enfoncer la porte ?? J’ai peur d’aller voir… mais j’ai encore plus peur de remonter dans ma chambre sans rien dire et qu’un mec vienne m’abattre sous ma couette (on remerciera bien les scénaristes de tous les Rick Hunter, NewYork Police Judiciaire, Walker Texas Ranger & co pour avoir fait naître ces idées très très sensées dans mon crâne de piaf à cet instant précis)
Je fais un détour par la cheminée pour m’armer d’un tisonnier (parce que c’est bien connu : une barre de fer, c’est ce qu’il y a de plus efficace face à un flingue… mais bon, dans Buffy ça marche, alors…) et je décide de descendre**.

Buffy

Moi (à 2/3 détails près)

Sur l’un des 2 côtés de l’escalier, la paroi s’arrête au niveau du sol du rez-de-chaussée. Puis, cela devient ajouré, avec une rambarde pour se tenir. En gros, ça veut dire que quand vous descendez (et donc, quand je descends cette nuit là, de fait) si une personne se trouve en bas, elle voit apparaitre vos pieds, puis vos jambes, etc… Vous en revanche, vous ne la découvrez qu’après avoir presque tout descendu…. CHOUETTE ALORS !!!

J’y vais discrètement mais après 3 ou 4 marches, les coups cessent. OH MY GOD, JE SUIS DÉCOUVERTE !
GROSSE PANIQUE ! Quitte à être repérée, je descends l’escalier presque en courant en levant le tisonnier au cas où j’ai besoin de frapper et….
Je tombe sur Pat, le père de ma famille d’accueil, en short, tee shirt et gants de boxe, tout transpirant, debout à côté de son sac de sable…. qui me regarde avec des yeux de poisson, puis éclate de rire en nous voyant, ma tête de flippette, mon pyjama, mon tisonnier et moi.
Entre 2 gloussements, il arrive quand même à articuler :

 

— Caro…?? What are you doing ?
— … Defendind the house….?
— Ah ? Ha Ha Hahaha Sorry…. hahahahHAHAHAHAHAHAH !!!!!!!!

Si vous passez par Naperville et qu’en vous promenant dans la rue, vous entendez de drôles de bruits venant d’un pavillon, pas de panique : c’est Pat. Il est encore là-bas, à rire aux larmes.

 

 
* Le fait que je n’ai pas de chaussons n’a aucun intérêt dans cette histoire. Je le précise uniquement pour que vous preniez bien conscience de ma vulnérabilité à cet instant.
** N’y voyez pas là un acte de courage. Je préfère juste savoir ce qu’il en est plutôt que de rester dans l’inconnu. Chez mes parents déjà, quand j’étais toute seule et que j’entendais des trucs bizarres, il m’arrivait très régulièrement d’ouvrir d’un coup sec la porte donnant dans le garage en hurlant : « C’est bon, sortez de là maintenant, je vous ai entendu ! » (sauf que j’aurais été bien emmerdée si quelqu’un était effectivement sorti…)

Il y a ceux qui se font marcher sur les pieds… et il y a moi (une cascade Rémy Julienne)

J’attends sagement mes copines sur le trottoir devant le bar à vin où nous avons rendez-vous.
Histoire de me donner une contenance et de ne pas totalement encombrer le petit trottoir, je m’appuie sur une bite (si vous saviez le temps que j’ai passé à chercher un autre mot que celui-ci… mais aucun n’est aussi « clair »…) et je sors mon téléphone. À côté de moi, arrêté dans la rue, un chauffeur attend son client au volant d’une grosse berline noire. Sauf qu’il n’y a pas que le trottoir qui est petit dans le coin. Et forcément, quand le bus arrive, ça ne passe pas.
Le chauffeur manœuvre rapidement pour monter sur le trottoir un peu devant moi puis recule pour se mettre bien droit.
Il recule. Recule. Recule encore.

Les yeux toujours rivés sur mon téléphone (oui oui, je suis toujours confortablement installée sur la même.. Enfin, je n’ai pas bougé, quoi), je vois le coffre de la voiture entrer dans mon champ de vision. Le mec est complètement en train de me reculer dessus. Très TRÈS lentement, mais très TRÈS sûrement aussi.

– Ne sois pas totalement débile et décale-toi, me dis-je.

Note pour plus tard : ne rien me dire du tout et me bouger le c** un peu plus vite que ça !
IMPOSSIBLE de dégager mon pied droit.
Je baisse les yeux : la roue arrière mord à peine l’avant de ma Converse. Juste assez pour que je ne puisse pas me libérer, même en tirant de toutes mes forces. Et voiture recule. Recule. Recule encore. Leeeeentement. Pour que j’ai bieeeeeen le temps de prendre conscience de ce qui est en train de se passer.
Je frappe à la fenêtre arrière pour que le mec s’arrête… mais il continue.
À cet instant, je regrette :

  • de chausser du 43 (à 5mm près, je m’en sortais dignement…)
  • les baskets à scratch de mes 5 ans (Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de retirer des Converses montantes dans l’urgence. Moi oui. Et à part se couper le pied – ce qui est déjà plus ou moins en train de se produire – ce n’est pas humainement possible…).

Forcément, je panique UN PEU et frappe la vitre de plus en plus fort. Voire même très fort.
Et clairement, au moment où la roue monte sur mes orteils, j’y vais à coups de poings, hystérique. Possédée !
Le mec sort ENFIN et se jette sur moi, fou de rage :

– Vous êtes malade ?!
– Vous êtes sur mon pied !!!
– Oh putain ! Oh putain ! OH PUTAIN !

Reconstitution_voiture

Image de reconstitution

Saut de Yamakasi par la portière et démarrage façon grille de départ de Grand Prix de Monaco.
Le mec revient rapidement s’enquérir de mon état :

– Je suis désolé, je ne vous avais pas vu ! Ça va votre pied ?!
– Oui oui, ne vous inquiétez pas (C’est vrai, à ce moment-là, je n’ai plus mal : je n’ai plus de pied)
– Vous avez de quoi noter ? Je vous donne mon nom et mon numéro. S’il y a quoi que ce soit, je suis assuré, n’hésitez pas. Donc mon nom c’est Gravier. Comme un petit caillou.
– Petit ? C’est vous qui le dites…

Conconclusion :
Il vaut mieux avoir un caillou dans sa chaussure qu’un gravier dessus…

Comment j’ai rencontré Marc Levy (et comment j’aimerais qu’il ne s’en souvienne pas trop !)

Vendredi soir.
Fête de fin de tournage de Julie Lescaut (OUI, j’ai fait un stage sur le tournage de Lescaut et c’était TRÈS chouette !).
On parle de la suite, mais surtout du lendemain : l’équipe va bosser 2 jours de plus pour le tournage d’un court métrage pour Amnesty International. Réalisateur : Marc Levy.
J’ai déjà entendu parler de lui mais je n’ai encore jamais rien lu. Oooohhhh je vous entends vous insurger mais ON SE CALME ! On est en 2003 et il n’a sorti que 2 ou 3 livres. C’est pas comme si j’étais passée à côté de Oui-Oui non plus !
De toutes façons, j’ai à peine une demi nuit devant moi pour me mettre à jour. Autant oublier.
Que je connaisse ou pas le monsieur, peu importe : c’est un beau projet et comme on me propose gentiment de me joindre à l’équipe, j’y vais !

Samedi matin (j’hésite à mettre « samedi nuit » tellement il est tôt).
– 457°C au soleil (et on a voulu nous le cacher, mais je suis certaine que c’est tombé à – 600°C à un moment).
J’arrive dans un parc à côté de Paris. Je rappelle qu’on sort de quelques semaines de Julie Lescaut et qu’on a fêté ça quelques heures plus tôt. Pas la gueule de bois…  mais pas réveillée pour autant.
Une grosse partie de l’équipe est déjà là. Je vais les rejoindre : continuer les conversations de la veille et plaisanter avec eux va me remettre en forme.
Je me joins au groupe en train de discuter et comme je suis très fine (mais souriante) au saut du lit :

« Bonjour 🙂 Bon alors, concrètement, il ressemble à quoi ce Marc Levy ?! »

BIEN ENTENDU, le mec devant moi se retourne, contient un rire, fait un geste de la main pour se présenter de la tête aux pieds et me répond :

« Concrètement ? À ça. Plus ou moins. »

(Quand je pense que 5h plus tôt, mon plus gros souci était que je trouvais dommage de le rencontrer sans avoir jamais lu une ligne de lui…)

Après ça, j’ai creusé un trou bien profond et je me suis jetée dedans je suis allée donner un coup de main pour vider le camion régie. Et j’ai pété la cafetière. À 7h du matin. Dans un parc où aucun Darty n’a jamais eu l’idée de s’implanter. (merci les mecs) C’est à peu près à ce moment-là qu’on est descendu à  – 600°C, je crois.
UNE BIEN BELLE JOURNÉE !

Marc, si un jour on se recroise et que tu as l’impression qu’on s’est déjà vus… je nierai tout en bloc et mon gouvernement lui-même niera l’existence de ce week-end !

PS : au final, la honte ne m’a pas tuée, on a trouvé une autre cafetière, le tournage s’est très bien passé (aussi un peu parce que je ne me suis pas approchée de la nouvelle cafetière), Marc Levy est charmant (même quand on foire son entrée en matière) et le court-métrage était bien. Et si vous voulez un peu plus d’infos dessus  même si ça date, c’est par ici : http://marclevy.e-monsite.com/pages/content/la-lettre-de-nabila.html

J’aimerais l’avis de Françoise Dolto

La_Turballe

Colonie de vacances.
Balade sur la plage de La Turballe avec les enfants.
Olivia, 7 ans, ramasse un coquillage et m’explique alors très sérieusement :

– Un jour, j’en ai trouvé un avec une semoule dedans !
– ? ?
– À non, pardon ! C’était une crevette. Je confonds tout le temps !

Crevette_semoule

Les enfants sont formidables

 

Photo : Visorando