Premier vrai stage de ma vie : 6 mois en tant qu’attachée de presse pour les sorties DVD.
Les gens sont sympas, le boulot intéressant et on parle cinéma et DVD toute la journée. ET EN PLUS C’EST PAYÉ ! Marcel Béliveau sortirait du tiroir de la photocopieuse en criant « Surprise sur prise ! » que ça ne me surprendrait pas plus que ça…
Moi qui ne savait pas trop à quoi m’attendre en postulant, à cet instant, mon seul souci est de réussir à me retenir de faire la roue au milieu de l’open space pour exprimer ma joie.
Au bout de 3 jours, S., ma responsable me propose de l’accompagner faire un plateau TV*.
Habituellement, ça n’arrive jamais pour les DVD mais pour ce film en particulier, la comédienne principale fait quelques plateaux.
— Ca te dit de m’accompagner ? T’es pas obligée du tout, c’est comme tu veux.
— Oui, d’accord. (Ne pas faire la roue. Ne pas faire la roue. Ne pas faire la roue.)
— Vraiment, tu peux dire non si tu n’as pas envie. C’est super long comme truc. Mais voilà, si ça te tente, je t’emmène.
— Ok, je viens. (Non mais t’es malade ou quoi ?? C’est le truc le plus cool qu’on m’aie jamais demandé de faire dans un boulot !! Tu crois vraiment que je fais refuser parce que ça va me faire rentrer trop tard pour Question pour un Champion ?!)
On doit aller chercher la comédienne en taxi mais on a pris un peu de retard sur le planning. Il nous reste plus ou moins zéro minute pour arriver. On sent bien que ça va être chaud.. Du coup, quitte à bosser dans le cinéma, S. annonce la couleur au chauffeur :
— Telle adresse, s’il vous plaît. Et si vous pouviez faire vite… on est en retard !
— Pas de problème, madame, je fais au mieux.
— C’est gentil….
100m plus loin, après une grosse pointe de vitesse à 30km/h, S. se ravise un peu :
— Heuuu… Pas trop trop vite non plus, hein ! Prenez pas de risques , c’est pas grave, roulez normalement…
On roule depuis 3 minutes grand maximum (arrêts aux feux inclus).
S. s’agite de plus en plus sur son siège. Le stress d’être en retard ?
À ce moment-là, on se connait encore assez peu et la glace n’est pas totalement brisée. Du coup, je ne pose pas de question, je me contente de rester tranquille (de toute façon je n’avais pas vraiment prévu de sortir par la fenêtre pour aller m’asseoir sur le toit en criant « I’m the king of the world »).
Elle finit par voir que je la regarde du coin de l’œil et craque.
Grosse mise au point façon parrain de la mafia qui révèle à son avocat où il a planqué le corps :
— Bon, petite, on ne se connait pas encore bien mais il faut que tu saches un truc : je DÉTESTE la voiture. Je suis SUPER MALADE en voiture, voilà !
Ce qui revient plus ou moins à finir de « briser la glace ».
Au lance-flammes.
On arrive au point de rendez-vous et on récupère la comédienne, souriante et détendue. (Tu m’étonnes. Elle ne sait pas qu’elle va très probablement se faire vomir sur les genoux !)
On repart. Toujours en taxi. Je croise les doigts pour que ça aille mieux …. Et je comprends très vite que je ne croise pas du tout assez fort.
Festival de changement de couleurs sur le visage de S.
C’est un peu comme si je faisais le voyage à côté d’une lampe d’ambiance Philips multicolore : rouge, vert, jaune… Un feu d’artifice du 14 juillet.
Les sons et lumières de Jean-Michel Jarre, à côté, ça ferait presque deuil.
On arrive enfin au studio.
S. est encore en vie (et franchement, c’était pas gagné gagné).
On s’installe dans la loge. S. attrape quelques dossiers de presse et s’apprête à sortir :
— Je dois aller en donner quelques uns.
— Je t’accompagne…?
— Non non c’est gentil merci. Ne t’embête pas, je reviens tout de suite.
Et alors qu’elle va refermer la porte, elle passe sa tête dans l’entrebâillement, vérifie que personne ne la regarde et me lance en chuchotant :
— Je vais juste gerber, je reviens !
Voilà donc comment avoir la sensation, pendant les 6 mois qui suivent, de bosser avec une amie à qui tu aurais tenu les cheveux au dessus des toilettes après une (trop) grosse soirée…!
Soyons clairs : ça crée des liens.
*C’est par où les toilettes ? Vous croyez que c’est assez grand pour faire une petite roue discrète ?
Crédit photo : Robin Lambert
oh trop cool ton post. Ca me ramene quelques annees en arriere 😉 Tu sais que t’aurais pu faire une roue dans l’open space, je pense que ca aurait semble normal a tout le monde. bisous ma grande, bonne continuation.
Mathilde la stagiaire d’a cote 🙂
Merci 🙂 C’est vrai que ça rappelle plein de choses ! (et qu’une roue n’aurait clairement pas surpris grand monde !). J’espère qu’on aura à nouveau l’occasion de bosser ensemble, c’était quand même canon !!