Quand une journée veut ta peau…

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Je pensais que la grève dans les transports allait rendre mon trajet pénible. C’est rapidement devenu le cadet de mes soucis.

Comme à chaque fois qu’une grève est annoncée dans le métro, je pars un peu plus tôt de chez moi histoire de ne pas arriver au bureau le lendemain. 7h40, direction Porte de Bagnolet, donc. Arrivée sur le quai : la foule. Et aucun métro annoncé. Après 10 minutes d’attente, l’annonce :
« Un incident vient de se produire sur la ligne 3. Nos agents sont en cours d’intervention. Le trafic sera rétabli d’ici 30 minutes environ. »
Je vais peut-être galérer un peu plus que prévu…

Heureusement, il y a une autre station pas trop loin. Je ressors et décide de m’arrêter au Franprix acheter un Yop (ce détail n’a pas d’importance mais comme ça vous savez tout). Il est 8h. Ça ouvre à 8h. On est bien. Je me poste devant les portes automatiques… Qui ne s’ouvrent pas. Pas grave : je ne suis plus à 5 minutes près. J’attends. Une des caissières me regarde. J’attends toujours. Elle aussi… Ou elle est morte, on ne sait pas. En tous cas, elle ne bouge pas et me regarde DIX MINUTES avant d’ouvrir les portes ! J’attrape le Yop, je sors un billet de 10€ et je passe en caisse :

— Z’avez pas l’appoint ? J’ai pas de monnaie.
— (Je la regarderais bien fixement pendant 19 minutes avant de répondre mais je suis pressée.) Bonjour… Je ne sais pas. Combien c’est, exactement ?
— Bah je sais pas !
— … Vous pouvez peut-être scanner la bouteille…
— De quoi ?
— (J’essaie de rester sympa mais va falloir se bouger, sinon c’est pas dans mon Yop que je vais cracher…) La bouteille. Scannez-la. Pour connaître le prix.
— Ah ! Oui !

Elle scanne.
Elle découvre le prix (sorcellerie !)
Je n’ai pas la monnaie.
Elle, oui.
Tout ça pour ça…

Je me dépêche d’aller prendre le métro, le Yop dans une main, la monnaie dans l’autre. Dans les couloirs, je longe les murs pour éviter la foule et alors que je m’engage dans les escaliers, une dame décide que cette matinée se passe un peu trop bien pour moi. Elle traverse le couloir, m’arrive dessus et BIM ! Croche-pied ! (« croque en jambe » comme dirait les profs d’EPS.) Elle n’a probablement pas fait exprès… Et quand bien même ç’eut été volontaire, je ne peux pas lui courir après : je suis un peu occupée à gérer mon triple boucles piquées ! En mode Trophée Lalique, je sauve mon Yop, ma monnaie, mon ego sans tomber et je repars.

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Enfin, je suis dans le métro. Cette matinée est tellement éprouvante que j’ai l’impression d’être partie depuis 3 jours pour un programme de survie en milieu hostile. J’hésite à démonter du mobilier urbain pour me construire un abri et à chasser les Kinder Bueno dans le distributeur. Quand j’arrive au terminus, je saute dans la navette, persuadée que ça y est, il ne peut plus rien m’arriver… Jusqu’à ce que le chauffeur monte à pieds joints sur le frein dès le premier carrefour ! Egoïstement, je ne pense qu’à moi et m’accroche pour ne pas finir le visage incrusté dans le siège de devant. Malheureusement pour lui, le Yop se retrouve livré à lui-même… Et s’envole jusqu’à l’avant du bus! Ô chance, parce qu’il en faut bien un peu : la bouteille n’explose pas. Il est 9h. J’arrive enfin. Vide. Sur une échelle qui va de 1 à « je sursaute pour rien », j’ai atteint le point où un simple éternuement peut le faire finir accrochée au faux plafond.

A partir de là, je me dis que c’est bon, la journée ne peut plus me réserver aucune surprise. Il faut juste que je survive jusqu’au soir et je pourrai aller dormir. Seul impératif : cette réunion au sous-sol d’un autre bâtiment. On a vu plus compliqué. A l’heure dite, alors que je m’apprête à descendre :

— On va attendre un peu. La salle de réunion n’est pas accessible.
— Ah. Il y a encore quelqu’un dedans ?
— Non, elle n’est vraiment pas accessible. Le badge n’ouvre plus la porte…

Je la sens moyen, cette histoire… Bref, on trouve une autre salle, on fait cette réunion et on remonte. On sort de l’ascenseur. Je badge la première pour ouvrir la porte vitrée de l’open space. Je la pousse pour entrer… et m’écrase littéralement dessus car les badges n’ouvrent plus aucune porte de la société ! (Les gens de l’autre côté ont du apprécier le spectacle. Perso, je ne suis plus à une humiliation près.)

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Coucou !

Après la journée que je viens de vivre, je suis à deux doigts de penser que ma simple présence dans le bâtiment a suffi à mettre tout le système électrique en rade…Je décide de rentrer tôt : si je tiens à la vie, je pense que c’est une bonne idée…

20h. Je pars (Ouais. Bon. On ne fait pas toujours ce qu’on veut).
Je passe par l’accueil et rends mon badge pour récupérer ma carte d’identité.

— Au revoir madame.
— Excusez-moi… Pouvez-vous me rendre ma carte d’identité, s’il vous plaît ?
— Ah, on l’a pas.
— Je pense que si. Je l’ai laissée en arrivant.
— Quand l’hôtesse d’accueil part, elle me donne les cartes à rendre et là elle m’a rien donné. Donc on l’a pas.

Me voilà à plat ventre sur le comptoir, en train d’ouvrir tous les tiroirs et placards que je peux atteindre au cas où la carte soit dedans. Bien entendu, elle n’est nulle part…
Après 20 minutes de fouilles intensives et infructueuses, je reprends le badge que j’avais rendu, ce qui plaît moyennement à l’agent de sécurité :

— Qu’est-ce que vous faites ?!
— Je ne récupère pas ma carte, vous ne récupérez pas votre badge !

Et je quitte les lieux, l’otage en poche.

Y’a des jours où je ne vous cache pas que c’est un peu fatigant d’être moi…

 

Crédit photo visage sur la vitre : Ruth Mackel

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