Ne s’improvise pas Reine de la Choure qui veut… Alors que je marche dans Monoprix, au rayon « produits de beauté », je surprends une conversation un peu musclée entre une femme d’une trentaine d’année et un agent de sécurité. La dame pose un grand sac (complètement rempli de produits) par terre et explique avec le sourire :

— Monsieur, ça ne sert à rien, je ne peux pas payer tout ça !
— Madame, prenez le sac et venez.
— Mais non monsieur, je vous dis que je ne peux pas payer donc je vous le laisse ! Au revoir.

Sur le moment, j’ai l’impression d’être devant un arnaqueur professionnel qui tente de fourguer 2 000 € de bouteilles de vin à une petite vielle qui n’en veut pas mais qui ne sait pas trop comment s’en sortir. Sauf qu’on n’est pas dans le salon d’une mamie et que l’agent de sécu n’a pas vraiment d’intérêt à forcer les clients à acheter (Julie Lescaut m’aura au moins appris une chose : l’importance du MOBILE !). Bref, tout ça est un peu bizarre mais en même temps, ce n’est pas sur ce blog qu’on va commencer à s’étonner de tous les trucs bizarres qui peuvent arriver. Je continue mon chemin et je me rends devant l’entrée du magasin pour attendre mes collègues qui finissent d’acheter de quoi déjeuner (Ma vie est palpitante. Wouuuh !).

Concentrée sur je ne sais plus quoi, je me fais bousculer. Je me retourne, prête à enchaîner un super combo insulte/étranglement par écouteurs d’iPhone (j’aime pas trop qu’on me bouscule sans s’excuser), quand je me rends compte que notre duo du rayon beauté a, lui aussi, migré vers l’entrée et que le débat n’est toujours pas clôt. Mais la dame affiche toujours un large sourire :

— Allez, laissez-moi sortir. De toutes façons, je vous l’ai dit, je n’ai pas de quoi payer, je vous laisse le sac.
— Non madame, vous restez et vous venez avec moi.
— (La dame tente alors de multiples percées jusqu’à la sortie, tête la première, façon rugby, tout en continuant à sourire, et presque à rire tant ce que lui dit l’agent de sécurité lui semble farfelu) Non mais je peux pas payer, ça sert à rien que je vienne avec vous. En plus je reprends le boulot à 14 heures, j’ai pas le temps, là. »
— Madame, arrêtez de me pousser. Ne m’obligez pas à vous tenir, ce serait humiliant. Je ne peux pas vous laisser partir, ce sac est plein. Mes collègues arrivent.
— (D’un coup, la dame ne rit plus vraiment) Mais non, laissez-moi sortir, je ne le prends pas, le sac, c’est bon. Je vous l’ai dit, je travaille à 14 heures, j’ai pas le temps, je suis pressée. Au revoir.

En l’espace d’1 minute, cette femme est passée du statut de petite vieille à qui on tente de vendre des trucs de force à celui d’Arsène Lupin des supermarchés (en nettement moins douée), de reine de la choure auto-proclamée (mais manquant cruellement de méthodologie). Et j’ai donc découvert que certaines voient en Monop’ une sorte de stand de fête foraine sur lequel elles peuvent tenter leur chance (de chourer tout ce qu’elles peuvent) et repartir tranquille si ça ne marche pas. Bah ouais, après tout : tous les gagnants ont tenté leur chance !
J’imagine qu’au Louvre, elle essaie de sortir avec la Joconde sous le bras (mais si ça passe pas, c’est pas grave, t’as vu, elle la laisse : de toute façon, elle ne peut pas la payer et puis elle est pressée, elle bosse à 14 heures).

Heureusement pour cette jeune femme, tout n’est pas perdu : Cristina est toujours prête à livrer ses petits conseils :

Photos : http://www.concept-store.fr, M6